La Malédiction de la Secrétaire médicale

J’ai un problème avec les secrétaires médicales (sauf celles de la maison médicale, mais c’est normal, là-bas tout le monde est parfait). Ou alors, elles un ont un problème avec moi, je sais pas. Ou peut-être même un problème avec tout le monde, je préfère ne pas le savoir, ce serait trop déprimant.

Donc, il y a eu celle qui m’a dit qu’il y avait de très bon psychologues quand je demandais simplement une liste des psychiatres de la ville. Il doit être marqué sur mon front que je ne suis pas assez folle, parce que les fous, ils ont l’air fous, c’est bien connu.

Celle qui n’a pas voulu me donner de rendez-vous avec un psychiatre parce que je n’avais pas de deuxième nom de famille (on était en Espagne). Donc, je me baladais avec mon papier marqué « urgent », mais après avoir attendu déjà quinze jours, il fallait que j’attende deux semaines de plus pour ne pas avoir donné un nom de famille que je n’avais pas. On appréciera sa notion de l’urgence. Il a fallu que je donne le nom de ma mère, parce que pas de deuxième nom de famille, pas de rendez-vous dans quinze jours. T’as qu’un nom de famille, tu peux crever, c’est comme ça. En passant, son collègue m’a trouvé un rendez-vous en deux minutes pour trois jours après.

Et puis celle que ne voulait pas me donner de rendez-vous au centre de santé mentale parce « vous n’allez qu’à aller dans le privé, pourquoi vous voulez venir ici? » Ben, je sais pas, pourquoi il existe ce centre si les gens n’ont qu’à aller dans le privé? T’as entendu au son de ma voix que je suis blindée de fric? Parce que, non, je m’exprime bien mais je ne suis pas blindée de fric, je suis libraire et célibataire, ça nourrit son homme mais ça s’arrête à peu près là, et depuis quand faut parler comme une charretier pour aller dans le public? Il y a un critère de sélection sur salaire dans ce centre? Non. Et puis finalement, elle ne veut pas me donner de rendez-vous parce que ma psychiatre ne prend plus de patients avant des mois, enfin ça elle me l’a dit quand je lui ai suggéré l’idée (« Bon, ou elle prend des patients et je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas avoir de rendez-vous, ou elle n’en prend plus ») au troisième coup de fil. Et finalement j’ai eu un rendez-vous une semaine après en passant directement par la psychiatre.

Ce matin, me voilà dans la salle d’attente de ce fameux centre. Passablement fatiguée, je suis en sevrage de Seroquel et je dors mal; angoissée, je suis en sevrage etc, Déjà, il y a un truc que je ne supporte pas dans les salles d’attente, c’est la musique. Ensuite, il y a les gens qui hurlent au téléphone, et les enfants qui crient. Là, il y a les trois, et l’enfant en question lance une balle, oh joie. J’ai rendez-vous à 9h15, avant d’aller travailler. C’est le premier rendez-vous de la journée, donc je vois toujours ma psychiatre arriver et elle n’est quasiment jamais en retard Je lis un peu, survis ensuite grâce à mon I-Pod (invention miraculeuse qui contre la malédiction des portables dans les lieux publics). A 9h30, je m’inquiète un peu, commence à m’angoisser, j’appelle une  collègue pour dire que je serai en retard au travail car ma psychiatre n’est toujours pas là. Je m’angoisse de plus en plus jusque 9h45, on dirait Daniel Pierce avec ses doigts qui gigotent. Comme je suis bien élevée, je ne suis pas du genre à aller demander toutes les cinq minutes « c’est quand mon tour? », mais là ça fait quand même une demi-heure de retard, donc je me décide à aller au secrétariat pour savoir ce qu’il en est. Et là: « Vous êtes Mme M.? -Oui. Le Docteur X. ne viendra pas, elle est malade. J’ai essayé de vous contacter. -C’est bizarre, j’ai mon GSM sur moi, je n’ai pas eu d’appel. -… -Vous n’avez pas mon numéro? -Ben, il y a plusieurs personnes qui ont le même nom que vous, alors je ne savais pas qui appeler. »

Malédiction

Ok. Bon, la dernière fois que ma psychiatre a été malade au dernier moment, on a pu m’appeler, mais bon, passons. Revoilà mon putain de nom de famille qui me met des bâtons dans les roues. Il est bateau, je veux bien, mais ma psychiatre travaillant là-bas un jour et demi par semaine, je doute quand même qu’elle ait quinze patients du même nom. Trois solutions s’offraient donc à toi, chère secrétaire médicale: appeler les deux patients avec le même nom, demander mon prénom à ma psychiatre, ou incroyable mais vrai, quand on ne peut pas téléphoner aux gens et qu’ils sont très certainement de l’autre côté du mur, se lever et aller leur parler, donc venir me prévenir directement dans la salle d’attente que ce n’était pas la peine que j’y passe la journée. Oui, quand les téléphones ne sont pas accessibles, on peut parler aux gens qui sont dans la pièce à côté, je sais, c’est fou, c’est ringard, c’est so old school, mais c’est toujours possible. Ca évite aux gens de sortir de là les larmes aux yeux et la rage au ventre.

Bref, c’est mon histoire du soir dont tout le monde se fout, mais moi si j’écris pas je pleure et je parle toute seule, et je traîne comme une âme en peine la Malédiction de la Secrétaire médicale.

12 commentaires »

  1. Anonyme Said:

    Lana, c’est toujours un plaisir de vous lire (même si je trouve cela souvent dur ce que vous vivez et que ça fait résonance avec les souffrances qui traversent mon fils et qui touchent l’ensemble du noyau familial). Ce dernier témoignage, perso je ne m’en fous pas, je dirais même que je suis partie des tas de fois « les larmes aux yeux et la rage au ventre » pour des choses similaires en me disant que c’était débile de se mettre dans ces états là et que je devais bien être la seule à réagir si fort…je vois que non, je me sens moins seule!
    Je profite de ce mail pour vous signaler un ouvrage qui a l’air pas mal du tout : zone frère de Patricia Janody, mais vous avez déjà peut-être eu connaissance.
    Bien à vous
    Solange

  2. Lana Said:

    Merci, ça me rassure de savoir qu’il n’y a pas que moi qui prend les choses comme ça. J’ai regardé le résumé de « Zone frère » mais je ne suis pas très branchée psychanalyse.

  3. Anonyme Said:

    bonjour,

    merci pour votre retour d’expérience, étant moi même secrétaire médicale, j’espère ne pas trop désespérer les patients que nous recevons, même s’il m’arrive aussi de faire des bourdes;)

    Julie

  4. Lana Said:

    Je sais que j’ai généralisé, mais c’est à prendre au second degré!

  5. THELU Said:

    Bonjour, j’ai eu affaire la semaine dernière à 2 secrétaires médicales en service dans un hôpital. Elles sont soit bornées, soit négligentes, soit les deux. Le 12 juin je reçois un SMS pour confirmer un RV pour une IRM le 17 juin à 16h10, je réponds OUI. Le 17 juin j’arrive à 15h45 avec ma convocation reçue par courrier valant ordonnance. La 1ère secrétaire me demande une ordonnance alors que la convocation vient de son propre chef de service (le médecin qui doit me faire l’examen et qui se trouve dans la salle adjacente) ainsi que le SMS qui a été envoyé de ce même service aussi!! Elle me dit : il me faut une ordonnance, sans ordonnance pas d’examen!! Je lui explique que la convocation VAUT ORDONNANCE : rien à faire! La moutarde me monte au nez devant une telle absurdité!J’insiste en lui expliquant que tout vient de son service : toujours rien à faire, je reviens une heure après et demande à sa voisine de box et celle-ci me dit la même chose!!!Heureusement qu’à ce moment là le médecin sort de la salle d’examen et à ma demande elle consent à lui demander : il lui répond que je peux venir, que ma convocation vaut bien ordonnance. Ouf! Une fois devant lui je lui explique mon parcours du combattant et il me répond : nous changeons régulièrement de secrétaires et elles se forment quasiment sur le tas, elle ne sont pas toujours au fait. C’est là que je lui ai gentiment dit de leur rappeler les instructions importantes afin d’éviter de rater le RV. Il m’a dit que je n’avais rien perdu car il était en retard et m’a fait une ordonnance pour le prochain rendez-vous afin de ne plus avoir le même problème la prochaine fois. Je ne savais pas que dans les hôpitaux ce sont finalement les subordonnés qui dictent leur lois à leur chef de service!!!!!

  6. Lana Said:

    Les joies de l’administration…

  7. Aurore Said:

    Bonjour. Je suis suivie depuis des années dans un CMP, par une psychologue, et la secrétaire me fait bien penser à la vôtre: Hostile à mon égard, faisant tout ce quelle peut pour ne pas me donner de rendez-vous (au téléphone surtout, prétextant qu’elle doit demander…), me faisant poiroter dans la salle d’attente, car ne prévenant pas de mon arrivée, ne m’appelant pas toujours pour annuler un RV. Bien entendu, ça n’est jamais de sa faute, mais de quelqu’un d’autre, par exemple de la psychologue… Et elle est encore plus désagréable et hostile depuis qu’en colère j’ai raconté à la psy ses manquements professionnels semblant ciblés. Je ne suis pourtant pas paranoïaque, mais c’est à croire que j’attire cette femme toxique.
    Aujourd’hui, j’ai réussi à avoir mon RV, après l’avoir appelé depuis 4 jours à répétition, et entendu des prétextes à la noix, venant d’elle et non de sa patronne…

    Encore une qui ferait bien d’aller voir un psy détricoteurs de frustrations et expert en réparation des perversités morales…

  8. Lana Said:

    Je compatis. Je me demande si ces gens se rendent compte de l’angoisse qu’ils peuvent générer.

  9. Bonjour Aurore, j’ai lu attentivement ton dernier commentaire, ou plutôt le dernier message que t’as adressé à Lana. Suite à l’attitude de la secrétaire de la psychologue, est-ce que tu conclus carrément que le secrétariat médical est source d’angoisse, pour reprendre le terme utilisé par Lana ? Ou bien est-ce que tu crois quand même que c’est cette secrétaire-là qui t’a sciemment négligée ? Bonne journée à toi et Lana.

  10. Lana Said:

    Je ne pense pas que le secrétariat médical est toujours source d’angoisse, juste quand les secrétaires agissent comme celle que j’ai décrit et celle d’Aurore.

  11. Aurore Said:

    Bonjour tout le monde.

    Je réponds en retard, excusez-moi.

    Le secrétariat médical me semble beaucoup moins source d’angoisses que celui de médecin, ou praticien aidant, et d’autant plus que tout dépend du contexte.

    D’une, la secrétaire donne des RV, reçoit au téléphone, et a peu de lien avec le patient, n’a donc pas accès aux angoisses reliées à la morbidité clinique.

    De deux, le fait de travailler dans de petites structures, ce qui est le cas dans mon exemple posé, n’a rien à voir avec la place du soignant ou des secrétaires médicales dans de grosses structures: Des usines à gaz, où le speed et le stress sont si grands, que le manque d’empathie s’installe rapidement et se transforme en perversité, ou/et maltraitance physique/morale.

    Cette secrétaire en question a de toute évidence un soucis non réglé, et je lui rappelle très certainement inconsciemment quelqu’un.
    Mais je ne suis pas là pour faire la psychologie de la dame qui avait un soucis avec sa maman et n’arrive pas à prendre un RV chez un psy pour se soigner, parce qu’elle ne veut pas se soigner justement, ou que son mari a plaqué pour une plus gentille qu’elle…
    Elle me fait penser à ces enfants pervers qui arrachent les ailes des mouches et lorsque maman les grondent, ils accusent la petite sœur ou le petit frère avec forte conviction… Joindre l’utile à l’agréable pour les vilain(ne)s.

    Sciemment négligée de la part de cette secrétaire, oui, c’est grandement possible, et cela reste son problème de tordue.

    J’ai vu ma psychologue, elle n’était pas au courant, et va voir de quoi il en ressort auprès de son employée. Cela ne semble pas lui avoir plu, cela n’est pas la première fois, d’autant plus.

    Tout ceci est peu surprenant, vu le nombre de tordus parmi les gens pensant être bien dans les normes, bien sous tous rapports, et en bonne santé mentale, des gens normaux, comme on peut en croiser tous les jours…

    Pas besoin d’être secrétaire médicale pour avoir un comportement pervers, cela n’est pas réservé à cette seule classe et genre professionnel…

    Misère, merdia de merdia. L’humain a véritablement un soucis, qui est bien au delà de l’institution psychiatrique.
    Un chantier sur 2000 ans à ouvrir?
    c’est une idée intéressante à développer je pense.

    Bonne journée, bye.
    Au plaisir de vous lire.

  12. Aurore Said:

    Réponse à Lana.

    C’est un cas particulier, et on peut dire que selon les sensibilités de chacun(ne)s, les angoisses sont possibles lorsque quelqu’un nie droits et demandes, sans que l’on saches pourquoi.
    Alors qu’en fait on devrait bien se dire que cela ne regarde que ces personnes, si elles cherchent à orchestrer des nuisances.

    C’est d’ailleurs rare de rencontrer des gens antipathiques dans cette profession là, donc, des sources d’angoisses pour les patients .


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