Posts Tagged ‘Hôpital’

« Plongée dans l’été », Sara Stridsberg, Sara Lundberg, Gallimard jeunesse

.Le papa de Zoé a disparu. Elle finit par apprendre qu’il est à l’hôpital psychiatrique parce qu’il ne veut plus vivre. Comment est-ce possible, alors qu’elle est là? « Plongée dans l’été » est un splendide album qui évoque avec douceur et espoir la dépression d’un parent.

« Nellie Bly, dans l’antre de la folie », V. Ollagnier-JOuvray, C. Maurel, Glénat

Une BD passionnante.

En 1887, à New York, Nellie Bly, journaliste, se fait passer pour folle et est internée à l’asile de Blackwell, où elle découvre des conditions de vie indignes: faim, froid, coups, femmes internées jusqu’à la fin de leurs jours sous les prétextes les plus futiles. Son reportage fera scandale.

« De l’asile à la psychiatrie moderne. Quand les fous n’étaient pas des hommes », J. Boutier et P. Devienne, Jourdan

Le témoignage d’un infirmier psy des années 50 aux années 80. C’est intéressant, même si évidemment gros TW violences psychiatriques. Le livre a été écrit en 1986, d’où le titre, parce que l’auteur croyait vraiment à une évolution positive de la psychiatrie, ce qui est remis en cause par son beau-fils qui présente le témoignage. L’auteur est passé de l’asile vétuste avec des gardiens et des camisoles et aucune activité, à un HP moderne avec des infirmiers et des patients libérés de leurs entraves, avec des activités, des ateliers, des sorties, et pensait que ça allait aller dans le même sens dans les années à venir et que le secteur rendrait même l’HP quasi inutile. Du coup, ça fat aussi un peu mal au coeur.

Le témoignage montre bien à quel point les changements à l’asile ont été difficiles, on se méfiait de toute innovation, de toute initiative. Par exemple, quand les infirmières sont arrivées, les gardiens ont dit « c’est pas possible, elles vont se faire violer ».dem pour les sorties en groupe, les infirmiers allaient forcément perdre des patients. Pour les neuroleptiques, les gardiens s’en méfiaient et trouvaient que les camisoles étaient déjà une amélioration par rapport aux chaînes. Etc.

« A la folie », Joy Sorman, Flammarion

Quatrième de couverture

« Ce jour-là j’ai compris ce qui me troublait. Peut-être moins le spectacle de la douleur, de la déraison, du dénuement, que cette lutte qui ne s’éteint jamais, au bout d’un an comme de vingt, en dépit des traitements qui érodent la volonté et du sens de la défaite, ça ne meurt jamais, c’est la vie qui insiste, dont on ne vient jamais à bout malgré la chambre d’isolement et les injections à haute dose. Tous refusent, contestent, récusent, aucune folie ne les éloigne définitivement de cet élan-là. » Durant toute une année, Joy Sorman s’est rendue au pavillon 4B d’un hôpital psychiatrique et y a recueilli les paroles de ceux que l’on dit fous et de leurs soignants. De ces hommes et de ces femmes aux existences abîmées, l’auteure a fait un livre dont Franck, Maria, Catherine, Youcef, Barnabé et Robert sont les inoubliables personnages. À la folie est le roman de leur vie enfermée.

Biographie de l’auteur

Joy Sorman est née en 1973. Elle se consacre d’abord à l’enseignement de la philosophie avant de se diriger vers l’écriture. En 2005 paraît son premier roman, Boys, boys, boys, lauréat du prix de Flore. En 2013, elle reçoit le prix François-Mauriac de l’Académie française pour Comme une bête. En 2014, La Peau de l’ours est sélectionné dans la liste du prix Goncourt. À la folie (Flammarion 2021) est son quatorzième livre.

« Soins sans consentement et droits fondamentaux », CGLPL, Dalloz

Résumé  de  l’éditeur

Les visites effectuées par le Contrôleur général des lieux de privation de liberté dans les établissements et services psychiatriques admettant des patients en soins sans consentement l’ont conduit au constat que l’hospitalisation à temps plein s’accompagnait d’atteintes, plus ou moins graves, aux droits des patients, à leur dignité, avec une grande disparité selon les établissements. Interdictions exagérées, enfermements injustifiés, habillements imposés, isolements et contentions banalisées, informations non fournies, sont autant d’atteintes aux droits du patient loin d’être toujours justifiées par son état clinique et qui peuvent être aggravées par des conditions d’hébergement indignes.
L’observation de ces disparités, les témoignages, les réflexions offertes permettent d’avancer des explications sur l’origine, les facteurs ou les motivations de ces atteintes aux droits, d’en montrer les effets délétères, tant pour les patients que pour l’institution psychiatrique, et de proposer des pistes d’amélioration recentrant la prise en charge sur un patient sujet de droits.

Juste une folle

Si tu es « adhésif », c’est pathologique.

Si tu es « opposant », ça demande une augmentation de traitement.

Si tu souffres de tes conditions d’hospitalisation, c’est parce que tu ne sais pas où est ton intérêt.

Si tu veux moins de médicaments (et d’effets secondaires), c’est que tu es dans le déni.

Si tu ne demande rien, tu n’adhères pas aux soins.

Si tu demandes trop, tu pompes l’énergie des soignants.

Si tu n’acceptes pas les mensonges, l’infantilisation et les règles carcérales, c’est parce que tu es malade.

Si tu veux faire valoir tes droits, tu remets le travail des soignants en cause.

Si tu parles, personne ne t’écoute.

Si tu parles, tu parles dans le vide. Parce que ta parole ne vaut rien. Parce que tu es fou. C’est plus commode pour tout le monde de dire que ce que tu dis n’a pas de sens. De ne pas se remettre en question. D’ériger une barrière infranchissable entre toi et eux.

J’ai pu parler à mes amis, j’ai pu parler à des thérapeutes hors de l’hôpital (mais pas à tous), j’ai pu parler sur internet, j’ai pu parler à des étudiants, j’ai pu parler à des conférences, et être écoutée.

Je n’ai jamais pu moins parler qu’à l’hôpital, où on est censé te soigner par la parole. La maladie m’avait enfermée dans une longue nuit silencieuse, et l’hôpital ne m’en a pas sortie, au contraire. Derrière ses portes fermées à clés, c’est le règne du silence et des paroles fausses. Une fois passée cette porte, je n’étais plus rien, ma parole n’avait plus de valeur. J’étais folle. J’étais juste folle.

Je me demande souvent si les soignants se rendent compte de la souffrance que ce sentiment fait naître, être considérée juste comme une folle, niée dans son individualité, dans sa parole, confrontée à des règles arbitraires. Ou s’ils s’en fichent. Ou si ça les fait rire. Ou si ça les fait se sentir puissants. Je ne sais pas ce qui est pire.

J’ai été hospitalisée il y a vingt ans, et j’en ai toujours le ventre noué, de cet endroit carcéral et de la fragile jeune fille  brisée que j’étais. Les forces sont tellement inégales. Une folle sans parole face à l’institution toute puissante. J’ai râlé, j’ai pleuré, et puis j’ai souris et j’ai fait semblant. Parce que c’était la seule réponse possible. Tu dois être ce qu’ils veulent que tu sois, parce que tes mots n’ont pas de poids.

Parce que tu es juste une folle. Pas une personne.

 

« Le bal des folles », Victoria Mas, Albin Michel

Présentation de l’éditeur

Chaque année, à la mi-carême, se tient un très étrange Bal des Folles.  Le temps d’une soirée, le Tout-Paris s’encanaille sur des airs de valse et de polka en compagnie de femmes déguisées en colombines, gitanes, zouaves et autres mousquetaires. Réparti sur deux salles – d’un côté les idiotes et les épileptiques ; de l’autre les hystériques, les folles et les maniaques – ce bal est en réalité l’une des dernières expérimentations de Charcot, désireux de faire des malades de la Salpêtrière des femmes comme les autres. Parmi elles, Eugénie, Louise et Geneviève, dont Victoria Mas retrace le parcours heurté, dans ce premier roman qui met à nu la condition féminine au XIXe siècle.

Biographie de l’auteur

Victoria Mas a travaillé dans le cinéma. Elle signe avec Le Bal des folles son premier roman.

Des vêtements à soi

J’étais fragile, toute cassée, je n’avais plus d’armure contre le monde, que mes vêtements. Un gros pull dans lequel je m’enveloppais, malgré les températures clémentes.

Mais ils me les ont pris. Pour me donner une robe de nuit bleue, informe, qui n’était pas à moi, qui appartenait à tout le monde et à personne, à toutes les autres folles qui étaient passées par ici, indifférenciées dans cet uniforme.

« Comme ça, on est tous pareils » a dit l’infirmière. Une folle parmi les folles, je n’étais plus que ça, face aux soignants et à leur uniforme à eux, loin d’être pareil aux nôtres. Leur uniforme de pouvoir, mon uniforme de folle.

Comme ça, on évite que tu fugues. Alors que je suis partie pour ça, en partie. Comme si on avait pas moins envie de fuguer d’un endroit où on est traité dignement.

Comme ça on évite que tu te suicides. Comme si on avait moins envie de se suicider quand on est traité comme un numéro.

Comme ça, tu te calmeras. Parce que oui, nos troubles sont à réprimer, nos troubles sont tels des caprices d’enfants à ignorer.

Comme ça, on te punira. Et tu marcheras droit. On aura une menace à brandir face à tes troubles, on pourra te recadrer. Parce qu’une personne malade, on la soigne, mais une personne souffrant d’une maladie mentale, on la recadre, on la punit, on la menace, dans le plus grand des calmes, au XXIème siècle.

Je ne demandais pas grand-chose. Mes vêtements. Trois fois, je les ai demandés, mais c’était impossible, dans ce service où tout le monde était en uniforme. Alors j’ai pleuré, alors je me suis mise en colère, alors j’ai menti en disant que j’allais mieux, alors je suis partie dès que j’ai pu parce que vraiment tout ça n’augurait rien de bon.

J’ai récupéré mes affaires, et je suis repartie fragile, toute cassée comme j’étais arrivée, un peu plus encore même, mais dans mes vêtements à moi.

 

« L’aquarium », Ségolène Bourlard, Librinova

Avec sincérité et humour, Ségolène Boulard nous offre un témoignage puissant et poignant sur l’hospitalisation en psychiatrie

Présentation de l’éditeur

« Plus j’y réfléchissais, plus j’étais convaincue que j’avais trouvé LE mot. L’aquarium. On était enfermés, dans un bocal, presque coupés du monde extérieur. Observés, épiés comme des bêtes curieuses, avec le nom de nos petites maladies sur un écriteau à côté du bocal. Nous étions un bel aquarium cela dit, parce que chaque poisson était différent, majestueux dans sa singularité. Oui. J’aimais bien cette idée d’aquarium. Thomas continuait à chercher LE mot, mais moi je l’avais trouvé. »
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« Le syndrome de l’imposteur », Claire Le Men, La Découverte

Présentation de l’éditeur

Avec ce premier roman graphique inspiré de son expérience personnelle, Claire Le Men nous permet d’entrer dans un univers difficile à documenter. Elle allie humour et finesse dans ce récit initiatique traversé de réflexions sur la folie, les normes juridiques ou encore l’objectivité supposée de la médecine.Lucile Lapierre, jeune interne en médecine en proie à un sentiment maladif d’illégitimité, est affectée un peu par hasard à une unité pour malades difficiles d’un hôpital psychiatrique. Dans ce récit initiatique inspiré de son expérience personnelle, Claire Le Men dresse un portrait juste et drôle de l’institution psychiatrique et des personnages qui la peuplent. Ce faisant, elle fait voler en éclat nos présupposés sur la folie.

Un mot de l’auteur

Claire Le Men est née en 1990 à Paris. Elle suit d’abord des études de médecine et se spécialise en psychiatrie. Son internat, qu’elle commence dans une unité pour malades difficiles, lui inspire son premier roman graphique, Le Syndrome de l’imposteur. Elle se consacre désormais à la bande dessinée, entre Paris et Berlin

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