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Neutralité bienveillante?

J’ai lu cet article et voilà ce qu’il dit sur la neutralité bienveillante: « La règle de “neutralité bienveillante” frise parfois la caricature. Être neutre, pour le thérapeute, ce n’est pas être froid ou indifférent. C’est simplement ne pas interférer dans votre cheminement mental. Ne pas parler de soi, par exemple, ou de sa vie. Et surtout, ne pas donner de conseils moraux, politiques, idéologiques, ou encore orienter votre façon de vivre. Sa neutralité est dite bienveillante, parce qu’elle est empreinte d’humanité. S’il vous sent particulièrement fragile après une séance, il peut très bien vous aider à remettre votre manteau. Loin d’être une expérience masochiste, l’analyse s’inscrit dans la vie. »

La neutralité bienveillante des psychanalystes, je ne l’ai pas connue. J’ai connu la neutralité, oui. L’indifférence. L’impression de parler à un mur.

Je suis entrée  en allant bien et sortie avec l’envie de me jeter dans le fleuve en face de l’hôpital, détruite par un psy qui se taisait en regardant ses pieds.

J’ai beaucoup pleuré. Pas de parler de choses douloureuses, je ne sais pas parler quand on ne me répond pas. J’ai pleuré de ne pas avoir de réponse, justement. J’ai pleuré parce que j’avais besoin d’attention et de réconfort. J’ai pleuré parce que je ne recevais rien, souvent même pas un regard.  Une fois, je me suis effondrée contre le mur, par terre, en sortant, en larmes.

J’a demandé, supplié même, des dizaines de fois « Dites quelque chose ». Je n’avais même pas de réponse à des questions aussi pratiques que « Est-ce que vous connaissez une association d’usagers? »

J’avais des reproches, parce que je ne parlais pas assez. « Vous êtres très résistante », « Vous devriez venir deux fois par semaine, vous auriez plus de choses à dire ». Parce que rarement je ne savais pas venir à un rendez-vous (vacances, examens). « Vous ne prenez pas ce travail au sérieux ».

Je me suis laissée faire, j’avais de mauvaises expériences avec les psys, j’avais peur de tomber sur pire, je n’étais pas en état de me révolter. Je croyais que j’étais incapable de mener une thérapie, d’en tirer des bénéfices.

J’essaye de ne plus m’en vouloir d’avoir laissé ça continuer pendant deux ans.

Je lui en veux encore à ce psychologue et à sa neutralité malveillante.

 

 

Je précise qu’il ne s’agissait pas  d’une psychanalyse classique mais d’un suivi psychologique à l’hôpital.

« Dora la dingue », Lidia Yuknavitch, Denoël

« Je ne sais pas comment, mon père s’est mis dans la tête que j’avais besoin d’un psy », se demande Ida, adolescente en crise qui décide un soir de se raser le crâne avant de passer à table, au grand dam de son père, volage et égoïste, et de sa mère, dépressive et alcoolique, qu’elle surnomme M et Mme Pharmazombie. Ida, ou plutôt Dora comme l’ont rebaptisée ses amies, double clin d’oeil à Dora l’Exploratrice et à la Dora de Freud, jeune patiente hystérique que le célèbre Sigmund a soignée en 1901, se voit ainsi obligée d’aller consulter un psychanalyste, qu’elle surnomme ironiquement Sig.
Et Sig a du pain sur la planche car Dora souffre de toux persistante, d’évanouissements intempestifs et d’aphonie psychosomatique au moindre geste d’affection ou de désir à son égard. Gênant, surtout lorsque Obsidienne, amie dont Dora est secrètement amoureuse, tente de l’embrasser. Petite sueur du Tyler Durden de Fight Club, Dora conçoit l’analyse comme un combat de boxe mental qu’elle doit absolument remporter, et à chaque uppercut psychanalytique du vieux Sig, Dora riposte en prenant des poses lascives pour le déstabiliser.
On suit hilare, choqué et fasciné, les aventures de Dora et ses amis (Obsidienne, mystérieuse Amérindienne ; Marlene, transsexuel rwandais féru de littérature érotique ; Little Teena, rouquin gay de 141 kilos, et Ave Maria, blonde maigrichonne s’exprimant uniquement par vocalises) qui lancent des raids artistiques dans les centres commerciaux ou prennent en filature Sigle psy en le filmant après avoir émietté 5 viagras dans sa tisane.
Roman classique sur l’adolescence ? Bien au contraire… Dora la Dingue est un concentré de folie, un hymne aux décalés, aux névrosés du monde entier, dont Dora est l’électrique et inoubliable porte-parole.

Lidia Yuknavitch est écrivain et enseigne l’écriture, la littérature, le cinéma et le féminisme à l’université de l’Oregon.

Nous aussi, reprenons la rue

Lu dans un article aujourd’hui: « La moitié des personnes mises à l’isolement plus de trente jours sont des autistes. La preuve que les autistes sont traités comme des psychotiques » (de mémoire).

Des milliers d’articles sur l’autisme, des gens qui débattent, qui se battent, qui s’insultent. Et les autistes, ils en disent quoi?

Dénoncer ou soutenir des pratiques, en interdire d’autres. Et les autistes, on leur a demandé comment ils avaient vécu ces soins?

Et les psychotiques, ils en pensent quoi, d’être toujours du côté du pire? On isole des autistes, mais enfin ils ne sont pas psychotiques! Les HP sordides, on n’en veut pour personne, sauf pour les psychotiques. Tout est bon pour les psychotiques, et surtout le silence.

Ils veulent apporter leur pierre à l’édifice de la psychiatrie? Ce sont des donneurs de leçons à la solde de l’Etat. Des fous incapables d’être autre chose que fous.

Demain il y a la journée de LA femme, comme disent certains. De même, il y a l’autiste et le psychotique. Certes, on dit les, mais derrière le pluriel, une même image pour tous: forcément hors du monde, forcément rien d’autre que malade, forcément incapable de sortir de sa condition. « On ne veut pas que vous vous enfermiez dans votre maladie » répètent les psy à l’envi. Oh mais non, ne vous inquiétez pas, vous le faites assez pour nous. Alors, comme les femmes qui clament « Reprenons la rue », reprenons la parole, reprenons l’espace public, reprenons la rue nous aussi. Ne laissons pas les psys et les familles parler sans fin en notre nom en ne nous laissant que des miettes. Pour ne pas être l’autiste ou le psychotique, mais comme dirait un des mes amis qui n’aime pas le mot patient, « des personnes, tout simplement ». Des millions de personnes différentes, avec des compétences propres, des trajets de vie singuliers, des idées diverses, des avis pas moins valables que ceux des psys et des familles. Oui, il y a tout ça derrière le psychotique et l’autiste.

« Les patients de Freud, destins », Mikkel Borch-Jacobsen, Sciences Humaines

Présentation de l’éditeur

Tout le monde connaît les personnages décrits par Freud dans ses récits de cas : « Elisabeth von R », « Dora », l’« Homme aux rats », l’« Homme aux loups ». Mais connaît-on les personnes réelles qui se cachaient derrière ces pseudonymes fameux : Ilona Weiss, Ida Bauer, Ernst Lanzer, Sergius Pankejeff ? Plus généralement, que sait-on de tous ces patients sur lesquels Freud n’a jamais rien écrit, ou si peu : Pauline Silberstein (qui se suicida en se jetant du haut de l’immeuble de son analyste), Olga Hoenig (la mère du « petit Hans »), Elfriede Hirschfeld, Alfred Hirst, l’architecte Karl Mayreder, le baron Viktor von Dirsztay, l’héritière lesbienne Margarethe Csonka, le psychotique « A. B. », tant d’autres encore ?
Mikkel Borch-Jacobsen reconstitue ici avec précision leurs histoires parfois comiques, souvent tragiques, toujours saisissantes. Au total, trente destins qui souvent se croisent, trente portraits enlevés, de patients parfois inconnus jusqu’ici, qui nous en apprennent plus sur la pratique clinique effective de Freud que ses récits de cas. En arrière-fond c’est tout un monde disparu celui de la Vienne de la fin de l’empire austro-hongrois, qui revit devant nous comme un dernier tour de valse.

 Les patients de Freud : Destins

Biographie de l’auteur

Philosophe et historien, Mikkel Borch-Jacobsen enseigne à l’Université de Washington (États-Unis). L’un des architectes du fameux Livre noir de la psychanalyse, il est l’auteur de nombreux livres, traduits en huit langues, sur l’histoire de la psychanalyse et de la psychiatrie, notamment Lacan, le maître absolu, Souvenirs d’Anna O., Folies à plusieurs et Le dossier Freud (en collaboration avec Sonu Shamdasani).

Concentré de psy

Une nouvelle collection chez Eyrolles: Concentré de psy, qui synthétise toute la pensée d’un auteur. Inaugurée par deux titres:

100% Dolto100% Jung

« La psychanalyse devant la schizophrénie », Antoine Vergote, Cerf

Présentation de l’éditeur

L’auteur esquisse d’abord l’histoire de l’application lente et très progressive de la psychanalyse freudienne à la schizophrénie. Il identifie ensuite clairement cette maladie en décrivant les caractéristiques par lesquelles elle se manifeste dans l’affectivité, dans la manière de penser et dans les rapports aux autres. Cela le conduit à déterminer la schizophrénie comme une maladie proprement psychologique, quelle que soit la part de cause ou d’effet physiologique observée. Dans son étude, Antoine Vergote s’appuie particulièrement sur ce que, en sa longue thérapie analytique, un
patient lui a dit. Sont ainsi groupés dans ce livre : les rapports au langage et à la parole ; les expériences qui ont entraîné le développement de la
schizophrénie ; les rapports à la vie, au corps, aux autres, à la temporalité, à l’ego, aux affects. La durée de l’analyse, l’absolue liberté de la parole et les progressives interventions de l’analyste ont permis à la personne d’arriver à parler normalement et à rendre personnelles ses relations familiales, amicales et professionnelles. Le lecteur observera que pareille thérapie est proprement psychananalytique mais autrement que dans le cas des névroses. Antoine Vergote présente les principes et l’effet heureux d’une psychanalyse appliquée à un cas de schizophrénie.

 La psychanalyse devant la schizophrénie

Biographie de l’auteur

Docteur en théologie et en philosophie, psychanalyste et psychologue de la religion, Antoine Vergote a été professeur ordinaire à l’Université catholique de Louvain. Il a également enseigné à l’Université catholique de Louvain-la-Neuve et à l’Institut catholique de Paris. Il a publié de nombreux ouvrages dont Dette et désir. Deux axes chrétiens de la dérive pathologique (Éd du Seuil, 1978) et Humanité de l’homme, divinité de Dieu (Cd du Cerf, 2007).

« Marie Bonaparte », Célia Bertin, Perrin

Présentation de l’éditeur

La personnalité de Marie Bonaparte fut exceptionnelle, complexe, passionnée. Pour s’en convaincre, il suffit d’imaginer, dans le contexte de l’Europe d’hier, une princesse, riche héritière, mariée à un fils de roi, devenant disciple et amie intime de Freud, puis l’une des plus célèbres psychanalystes de son temps, fascinée par les assassins et travaillant à explorer et à libérer la sexualité féminine. Quel roman peut valoir ce destin qui ne s’invente pas ? L’enfance de celle qui se disait «la dernière Bonaparte», elle est l’arrière-petite-fille de Lucien Bonaparte, fut solitaire et cloîtrée, hantée par la disparition de sa mère. Mariée au prince Georges de Grèce, elle eut aussi plusieurs liaisons importantes. Mais c’est par
la rencontre du maître de Vienne que «notre princesse», comme la désignait Freud avec affection, trouva le chemin de sa vie. Si ce portrait est riche en précisions inédites sur l’entourage royal de Marie Bonaparte et sur les ressorts cachés des drames qui la marquèrent, ce livre est surtout le récit du combat courageux d’une femme à la quête d’elle-même, d’une femme qui ne faiblit jamais dans la recherche lucide de sa vérité.

Marie Bonaparte

« Martha F. », Nicolle Rosen, Lattès

Présentation de l’éditeur

J’ai envie de comprendre soudain pourquoi
j’ai renoncé, toute ma vie, à penser par moi-même, à décider de mon sort.
Pourquoi je me suis vouée tout entière à l’accomplissement d’une vie, d’une
œuvre qui n’étaient pas les miennes. Voilà les questions qui s’imposent à
Martha, la veuve de Sigmund Freud, au terme de la correspondance qu’au soir de
sa vie, dans la solitude de son exil londonien, elle vient d’échanger avec une
journaliste américaine. D’avoir confié à cette jeune étrangère le récit de son
existence lui fait apparaître sous un jour nouveau les cinquante-trois années
passées dans l’ombre du grand homme. Celle que les biographes ont dépeinte comme
la meilleure des épouses prend peu à peu la mesure de sa soumission. Devait-elle
accepter de s’effacer, auprès de son mari, devant sa sœur, puis sa fille ? Lui
fallait-il, pour lui complaire, renoncer à sa religion ? Et donnant la parole à
cette femme que l’on a toujours réduite au silence, Nicolle Rosen en fait un
témoin privilégié : de la vie de Freud d’abord, dont elle trace un portrait sans
complaisance, de l’invention et de l’essor de la psychanalyse, de son temps
aussi, qui a vu changer la face du monde. Mais ce roman est avant tout un
travail de mémoire, comparable à une analyse, qui permet, enfin, à un sujet de
parler en son nom.

 Martha F.

Biographie de l’auteur

Nicolle Rosen est psychanalyste. Martha F.
est son troisième roman.

« Le divan, c’est amusant », Corinne Maier, J’ai Lu

Présentation de l’éditeur

À quoi sert la psychanalyse ? Pourquoi les histoires d’amour se terminent-elles mal (en général) ? Est-il raisonnable d’être  » normal  » ? Que peut-on espérer de la vie ? À l’heure où la psychanalyse est partout, cet ouvrage décalé et plein d’esprit est une introduction jubilatoire à l’oeuvre complexe de Jacques Lacan (1901-1981). À travers une galerie de portraits – le fou, la mère, le riche, l’hystérique, etc. – l’auteur clarifie la pensée psy pour nous offrir un ouvrage impertinent à dévorer… sur son divan !

 Le divan, c'est amusant : Lacan sans peine

Biographie de l’auteur

Corinne Maier est psychanalyste à Bruxelles et à Paris ; par ailleurs essayiste, elle est l’auteur des best-sellers Bonjour Paresse (Michalon, 2004) et No Kid (Michalon, 2007 ; Editions J’ai lu, 2008)

« Nouba chez les psys », Fonelle, J’ai Lu

Présentation de l’éditeur

 » Je mets au défi quiconque de passer plus
de vingt-quatre heures à un colloque de psys. Et d’ailleurs, j’aurais deux mots
à dire à Mister Freud sur la façon dont il briefe ses équipes. Parce que si je
me fonde sur le toutim que j’ai eu sous les yeux, je vous le dis : y a pas plus
lubriques et branques que ces gens qui gèrent le manque. J’ai survécu, seul
Lacan sait comment !  »

 Nouba chez les psys

Biographie de l’auteur

Fonelle (de son vrai nom Sophie Fontanel
est une délurée qui traverse le monde en y causant dégâts sur dégâts. Elle est
née en 2001 au magazine ELLE où, depuis huit ans, elle raconte chaque semaine
une nouvelle aventure complètement déjantée. Elle est aujourd’hui culte.

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