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Pas tous les psys…

En ce moment, sur twitter, il y a un hastag qui dénonce les maltraitances des psys, #moiVSpsy.

Evidemment, comme pour #Metoo et ses not all men, on a droit à « mais tous les psys ne sont pas comme ça! », « vous allez décourager les gens de consulter », « c’est déprimant pour les psys d’être critiqués », etc.

Evidemment, tous les psys ne sont pas comme ça, on le sait, et la bienveillance en psychiatrie et en psychologie devrait être la norme. On n’est pas là pour distribuer des cookies et dire « ouah, mon psy a été respectueux » alors que c’est un comportement normal.

Est-ce qu’on va décourager les gens de consulter? Quel est l’effet de ce hastag sur les patients?

Je ne le nie pas, ça peut faire peur. Mais ne vaut-il pas mieux être prévenu de ce qu’on peut rencontrer? Savoir que ce n’est pas de notre faute si ça se passe mal, savoir qu’on peut changer de psy (si on en a la possibilité)? Savoir que les psys sont faillibles, peuvent être grossophobes, racistes, sexistes, transphobes, etc. et qu’on a le droit de ne pas supporter ça? Que leur parole n’est pas parole d’Evangile?

Quand au fait que c’est blessant pour les psys d’entendre des critiques, que croient-ils que leurs maltraitances ont comme effet sur nous?

Je vais prendre mon exemple. J’ai vu pendant presque trois ans un psychologue maltraitant chaque semaine. A l’époque, je ne connaissais personne avec qui parler de ce qu’il peut se passer dans une relation thérapeutique, je n’en parlais ni à mes amis ni à ma famille, je ne fréquentais pas encore les forums et les réseaux sociaux n’existaient pas. J’avais eu surtout de mauvaises expériences avec des psychologues et des psychiatres.  Je n’étais plus en pleine crise mais j’étais loin d’être stabilisée.

La thérapie avec ce psychologue ne me faisait du mal, et pourtant, je ne suis pas partie, même si j’en ai émis plusieurs fois le souhait. Pourquoi? D’abord, parce que j’avais peur de tomber sur pire (un des psys que j’avais vu avant a quand même fini en prison pour avoir violé deux patientes). Mais aussi parce que j’étais persuadée que l’échec de ma thérapie était de mon fait, que je n’étais pas capable d’aller mieux, que je ne savais même pas suivre une thérapie correctement. Que si je tombais sur des mauvais psys, c’était un peu de ma faute. Que je ne valais tellement rien que même les gens payés pour s’intéresser à moi s’en fichaient. Je sortais d’une séance en ayant envie de me suicider, ou au mieux en étant mal toute la journée  et même si j’allais bien en arrivant. J’ai fait une crise terrible le jour où mon psychologue m’a raccroché au nez en disant « on ne change pas ce qui est convenu » quand je lui ai demandé d’avancer un rendez-vous, alors que j’étais en plein doute sur mon avenir (j’avais décidé d’arrêter mes études). Après, je m’en suis longtemps voulue d’être restée près de trois ans en thérapie avec lui. Je me sentais bête, assez conne pour être manipulée. C’est encore à moi que j’en voulais, pas à lui. Jusqu’à ce que mon médecin traitant me rassure et m’explique que je n’étais pas en état de me défendre.

Si j’avais connu d’autres usagers à l’époque, si j’avais pu partager leurs expériences, compter sur leurs conseils, je pense que je serais partie bien avant et aurait perdu moins de temps dans mon rétablissement. C’est surtout à ça que sert ce hastag, partager, parler, se dire qu’on n’est pas seuls.

Alors, c’est peut-être déprimant pour certains psys, mais pour nous, c’est de nos vies qu’il s’agit.

Neutralité bienveillante?

J’ai lu cet article et voilà ce qu’il dit sur la neutralité bienveillante: « La règle de “neutralité bienveillante” frise parfois la caricature. Être neutre, pour le thérapeute, ce n’est pas être froid ou indifférent. C’est simplement ne pas interférer dans votre cheminement mental. Ne pas parler de soi, par exemple, ou de sa vie. Et surtout, ne pas donner de conseils moraux, politiques, idéologiques, ou encore orienter votre façon de vivre. Sa neutralité est dite bienveillante, parce qu’elle est empreinte d’humanité. S’il vous sent particulièrement fragile après une séance, il peut très bien vous aider à remettre votre manteau. Loin d’être une expérience masochiste, l’analyse s’inscrit dans la vie. »

La neutralité bienveillante des psychanalystes, je ne l’ai pas connue. J’ai connu la neutralité, oui. L’indifférence. L’impression de parler à un mur.

Je suis entrée  en allant bien et sortie avec l’envie de me jeter dans le fleuve en face de l’hôpital, détruite par un psy qui se taisait en regardant ses pieds.

J’ai beaucoup pleuré. Pas de parler de choses douloureuses, je ne sais pas parler quand on ne me répond pas. J’ai pleuré de ne pas avoir de réponse, justement. J’ai pleuré parce que j’avais besoin d’attention et de réconfort. J’ai pleuré parce que je ne recevais rien, souvent même pas un regard.  Une fois, je me suis effondrée contre le mur, par terre, en sortant, en larmes.

J’a demandé, supplié même, des dizaines de fois « Dites quelque chose ». Je n’avais même pas de réponse à des questions aussi pratiques que « Est-ce que vous connaissez une association d’usagers? »

J’avais des reproches, parce que je ne parlais pas assez. « Vous êtres très résistante », « Vous devriez venir deux fois par semaine, vous auriez plus de choses à dire ». Parce que rarement je ne savais pas venir à un rendez-vous (vacances, examens). « Vous ne prenez pas ce travail au sérieux ».

Je me suis laissée faire, j’avais de mauvaises expériences avec les psys, j’avais peur de tomber sur pire, je n’étais pas en état de me révolter. Je croyais que j’étais incapable de mener une thérapie, d’en tirer des bénéfices.

J’essaye de ne plus m’en vouloir d’avoir laissé ça continuer pendant deux ans.

Je lui en veux encore à ce psychologue et à sa neutralité malveillante.

 

 

Je précise qu’il ne s’agissait pas  d’une psychanalyse classique mais d’un suivi psychologique à l’hôpital.

Les psys qui craignent

Numéro un, mon psy-le-violeur. Bon, pas de quoi s’étendre, il a fini en prison et même si ce n’est pas moi qu’il a violée, je ne vais pas pleurer sur son sort. Le mec à la porsche jaune que je n’arrivais pas à sentir, qui demandait juste « tu manges bien? tu dors bien? tu prends tes médicaments? » et basta, ce mec violait des patientes.. Top du podium, sans discussion aucune.

Numéro deux, mon psy-le-muet, psychologue de son état, à l’hôpital, psychanalyste officieusement (il se gardait bien de l’annoncer). Psycho-rigide au possible, hors de la psychanalyse point de salut. Je dis muet, mais il parlait de temps en temps. J’ai envie de faire l’inventaire de ce qu’il m’a dit en deux ans, une demi-heure par semaine, parce que de lui, je ne m’en suis pas encore remise. Je le déteste toujours (je l’entends déjà dire « c’est la preuve que quelque chose travaille, c’est bien »), je sais que je vais m’énerver en écrivant sur lui, mais voilà, depuis le temps, j’aimerais bien qu’il me soit indifférent, alors peut-être que mettre tout ça par écrit m’aidera à caser toute ma rancoeur dans un coin de ma tête. Donc, à part poser des questions uniquement quand je lui parlais de ma mère et des mes rêves et répéter « dites, dites » en regardant ses pieds et garder le silence (toujours en regardant ses pieds) devant mes larmes et mes questions, il m’en a sorti des bonnes comme « les maladies mentales, ça n’existe pas » (ok, mais la chose qui n’existe pas me pourrit quand même la vie), « l’argent n’a pas d’importance » (pour toi, peut-être), « pourquoi vous ne trouvez pas un travail pour payer une séance supplémentaire? » (parce que je suis schizophrène, que je fais des études universitaires et que c’est déjà assez compliqué comme ça?), « vous ne prenez pas ce travail au sérieux » quand j’ai demandé à déplacer une séance  pour sortir le soir de mon anniversaire (désolée, je croyais que le but était d’avoir une vie, pas de faire une thérapie en soi), « désormais toute séance annulée sera due » parce que je ne voulais pas avoir de rendez-vous pendant mes examens vu que j’en sortais démolie devant tant d’indifférence (ok, pour la remise en question ce ne sera pas encore cette fois-ci), « vous êtes très résistante » quand je lui disais qu’avec d’autre psy j’arrivais à parler mais pas avec lui (non, c’est juste que le silence et le regard vers les pieds, ça ne me pousse pas à la confession), « vous revenez pour notre rendez-vous pendant vos vacances en Espagne? » (bah oui, j’aurai que ça à faire, et puis ça me coûtera pas cher en plus, mais j’oubliais, l’argent n’a pas d’importance), « c’est la preuve qu’il y a quelque chose qui travaille » quand je lui disais que je n’avais rien à lui dire (ça faisait pas avancer grand-chose en tout cas).

freud

Numéro trois sur le podium, mon psy-le-muet numéro deux, psychiatre que je consultais en même temps que le psychologue cité plus haut. Dix minutes de silence une fois par mois, je m’asseyais, il s’asseyait, on ne disait rien. En deux ans, j’aurais néanmoins appris deux ou trois petite chose quand on réussissait à sortir une phrase. A savoir qu’il fallait dix ans pour diagnostiquer une schizophrénie (en même temps, quand on voit ses patients dix minutes et qu’on se tait, oui, je comprends que ça soit long de diagnostiquer quoique que ce soit), que mon psychologue était muet par tactique thérapeutique (je veux bien le croire, mais s’intéresser aux résultats, des fois, ça peut être pas mal, et là le résultat, c’était moi en miettes) et que les neuroleptiques ne faisaient pas du tout grossir, spécialement le Zyprexa qui faisait encore moins grossir (ne cherchez pas de sens à cette phrase, le seul que j’ai trouvé, c’est que le Zyprexa ferait maigrir, mais je n’ose pas croire qu’on puisse se foutre de la gueule de ses patients à ce point).

Mais pourquoi, vous direz-vous, pourquoi est-elle restée presque trois ans chez des psy qui lui convenaient si peu? Oui, pourquoi, parfois je me le demande encore. Mais j’ai quand même quelques éléments de réponses. D’abord, mon psychologue-le-muet me faisait croire que tout l’échec de la thérapie était à mettre à mon crédit, et j’avais fini par me penser nulle au point de ne même pas être capable d’être aidée. Et puis surtout, j’avais peur de tomber sur pire, ayant eu avant mon psy-le-violeur et, numéro quatre et cinq sur le podium, Docteur J’ai-fait-l’armée et Docteur C’est-la-maladie du romaniste (que vous pouvez retrouver plus en détails dans les articles première consultation et deuxième consultation), plus un psychologue qui me plaisait tout aussi peu. Pourquoi je n’ai pas pensé aux  psychologues et à l’infirmière qui m’avaient aidée? Pourquoi n’ai-je pas persévéré pour en trouver une autre comme elles? Je ne sais pas, si ce n’est que je n’avais pas beaucoup de force et plus assez pour croire à la chance. Alors, je me suis contentée de ce que j’avais, persuadée que même les gens qui étaient payés pour m’aider s’en fichaient comme d’une guigne et étaient plus passionnés par la contemplation de leurs pieds. Je me suis demandée si mon psychologue-le-muet aurait bougé le petit doigt si j’avais fait mine de sauter par la fenêtre, et aujourd’hui, je n’en suis toujours pas sûre.

Donc, tout ça pour dire que ces psy craignaient. Oui, pour moi, ils craignaient vraiment. Je ne dis pas que c’est le cas pour tous leurs patients, j’espère vraiment que non, qu’ils ont aidé plein de gens et qu’ils sont aimés par certains. C’est certainement le cas. Mais justement, si c’est le cas, pourquoi ne pas simplement avouer qu’une thérapie ne se passe pas bien? Pourquoi ne pas adresser une patiente à quelqu’un d’autre? Je n’aurais rien voulu d’autre. Juste, devant mes larmes, mes silences, mon désarroi, mon traitement qui ne fonctionnait pas, mon état qui s’aggravait, juste qu’ils avouent que non, leur « tactique thérapeutique » n’était pas faite pour moi. Juste me dire que non, tout n’était pas de ma faute, que quelqu’un d’autre m’aiderait sans doute plus. Pourquoi me retenir à chaque fois que je décidais de partir? Pourquoi s’acharner? C’est ça que je ne comprends pas, ce manque d’humilité, le fait de s’accrocher à sa théorie comme s’il n’en existait pas de meilleure, au mépris du bien-être de son patient.

C’est pour ça que je leur en veux toujours, bien plus que pour le peu qu’ils m’ont dit en presque trois ans. C’est pour ces phrases qu’ils ne m’ont pas dite que je n’arrive pas à les oublier.

Mange ! Sale gamine !

:

Je ne sais pas si on peut parler de témoignage sur l’anorexie, à propos de cette petite contribution personnelle relatant mon propre vécu : un épisode anorexique.

Toujours est-il que ce sont les conseils d’un « psychologue » qui motivent ma réponse, car il déclare, je cite :« Je m’autoriserai à dire à une anorexique ce que ses parents n’ont peut-être jamais osé lui dire : « Mange ! Sale gamine ! » Vous pouvez voir l’ensemble de son article en capture d’écran, puisque la page du site a été retirée entre temps, sans doute suite à une pétition :

Je me souviens de ce culte du repas en famille, de cette charge émotionnelle qui le motive et qui en découle aussi. L’importance donnée à l’acte de manger provient peut-être de plusieurs raisons, je ne sais trop, mais j’en ai noté quelques unes :

– Partager une nourriture alimentaire c’est aussi partager une nourriture sociale, en mangeant avec un groupe, ce que mange ce groupe, on y adhère, on incorpore plus que des aliments : sa façon de vivre aussi. Ne pas manger les mêmes aliments, ou refuser tout net de manger, cela peut renvoyer au groupe une image négative de sa façon de vivre. En s’excluant de la sorte de ce rite du partage, le groupe se sent rejeté, pas aimé, et il réagira de manière très irrationnelle et rigide contre celle ou celui qui refuse de partager le même pain. J’y vois, d’ailleurs, un rapport ancestral avec le mythe de la « sainte Cène »

– Par le passé, certains parents ont souffert du manque de nourriture quand ils étaient enfant durant la guerre. Refuser de profiter de ce dont ils ont manqué leur semble une être une aberration, une insulte à leur propre lutte pour la survie. Ne pas manger c’est risquer de mourir, au point que si un de leur enfant refuse un repas, ou un aliment, cela les renvoie à leurs anciennes angoisses et l’alarme « danger de mort » retentit dans leur tête. D’un seul plat refusé, ils en font tout un plat. Leurs peurs les rendent menaçants vis à vis de ces « sales gamins », et alors commence la série de gestes et propos violents : j’ai vu des parents forcer carrément la bouche de leur enfant avec la cuillère, malgré ses cris et ses pleurs, j’en connais qui étaient punis des heures à rester devant leur assiette jusqu’à ce qu’ils la vident, sans compter tout le chantage dont ils se retrouvent victimes : « si tu ne manges pas, tu seras privé de… »

– Ces générations ayant souffert de pénurie alimentaire ont sans doute fait perpétrer le message aux générations suivantes, car le forçage alimentaire des enfants récalcitrants est toujours de mise. C’est très angoissant pour eux. Ils espèrent évidemment que leur enfant devienne grand et fort, c’est assez normal. Ils redoutent plus que tout les conséquences des carences alimentaires. C’est terriblement anxiogène d’imaginer leur propre enfant, dont ils doivent prendre soin, devenir chétif, sous- alimenté, et voilà que le drrraaame survient : le bout de chou, entêté, serre les lèvres, dit « non »,  pour ne pas avaler le bout de viande au fond de l’assiette.

Je peux comprendre, par contre, ce que je n’arrive pas à comprendre, c’est que ces angoisses passent par dessus le fait d’obliger quelqu’un à incorporer quelque chose qu’il refuse. Qu’elles soient plus fortes que les peurs de générer des traumatismes propices à des comportements alimentaires déséquilibrés dans le futur.

J’en avais parlé plus tard à mes parents. Ils s’extasiaient que mon enfant « n’avait aucun problème pour s’alimenter », contrairement à tant d’autres… Je leur expliquais que lorsqu’il refusait un aliment, cela ne m’angoissait pas outre mesure.

Je vivais pourtant dans la misère. Pouvoir acheter de quoi manger était un grand souci à cette époque, et mes priorités étaient que mon enfant ne manque de rien. Mais jamais au grand jamais je n’aurais pour ces raisons accepté de perpétrer les manies familiales : l’obliger à manger c’est un manque basique de respect.

Autant que possible je lui proposais des produits variés, qu’il avait le droit de refuser s’il y avait goûté avant. Il était autorisé à manger ce qu’il aimait, et ce qu’il aimait étant varié, ses repas étaient au final, toujours équilibrés.

S’il arrivait qu’il refuse catégoriquement de manger, je lui demandais de sortir de table : il changeait de comportement immédiatement et partageait le repas avec nous, en toute convivialité.

Il avait déjà expérimenté le « sautage de repas » et n’aimait pas cela. Quand il avait sauté ce repas, je n’en avais ressenti aucune crainte, je savais qu’il se rattraperait au suivant. Si j’avais montré quelque inquiétude, il aurait été assez finaud pour le sentir et l’utiliser comme moyen de chantage.

De ce fait, lorsque je l’invitais à sortir de table, il restait, et puis, il mangeait comme tout le monde.

Je me souviens aussi de la fois où il refusait de goûter aux épinards. D’habitude il acceptait de tester  ce que je lui proposais, mais pour les épinards, j’ai du beaucoup insister pour qu’il en prenne juste une bouchée. Quelques minutes après j’ai remarqué qu’autour de sa bouche, où il restait une trace d’épinard, sa peau devenait rouge vif. Peut-être une allergie ? J’aurais du le laisser ne pas y goûter.

En tous les cas, dans la mesure de mes moyens, et du respect de l’équilibre nutritionnel, je m’accordais le droit de ne manger que ce que j’aimais, pourquoi le refuser à son enfant ?

Qu’il n’aime pas ce qu’on aime n’est PAS un manque d’amour de sa part à notre égard.

J’expliquais à mes parents que si j’avais agi ainsi avec mon enfant, c’est parce que j’avais souffert de toutes les fois où ils m’avaient forcée à manger.

« Forcée ! Vous vous rendez compte ? »

Ils se sont excusés.

Adolescente, j’avais fait ce qu’on pourrait appeler une mauvaise rencontre durant des vacances. Une famille suisse « bien comme il faut » campait à côté de la notre, ils étaient évangélistes chrétiens. L’un des fils m’a fait croire qu’il était amoureux de moi, dans le but de me convertir à sa religion. Il s’en est excusé, mot pour mot, en ces termes, quelques années plus tard. Mais à l’époque j’avais 16 ans, j’étais naïve, il m’était inconcevable qu’on puisse vouloir manipuler par les sentiments, quelqu’un, pour atteindre des objectifs autres, et pire encore, au nom d’un Jésus-qui-t’aimes-Jésus-peut-te-sauver-Jésus-est-amour ». Mais je n’avais pas les mots pour définir l’arnaque dont je fus victime, c’était lui qui était venu me chercher : je n’avais rien demandé.

Sans savoir pourquoi, sans même être consciente de cette petite trahison, j’ai perdu le goût de manger, cela s’est fait en douceur, mois après mois, années après années, jusqu’à ce que je devienne squelettique. A 20 ans j’étais un tas d’os sur pattes quand je regarde les photos, et pourtant on avait beau me dire « que tu es maigre ! », je n’en croyais rien. Je fuyais les repas, qui étaient surtout le théâtre de règlements de compte en famille = double écoeurement. Manger le minimum vital ne me fatiguait pas outre mesure, j’étais comme une pile électrique toujours en mouvement et souffrais surtout des inquiétudes de ma famille. L’idée même de manger me serrait le ventre.

Cela n’a pas duré au point d’être en danger. C’est au détour d’une conversation avec ma gynécologue qu’un déclic s’est produit. Elle a dit un truc du genre : « Mais vous en avez bien souffert, de cette déception sentimentale… » de manière anodine, comme si c’était une évidence.

Je l’ai regardée, frappée par ses propos, les yeux grands ouverts.

Je tournais en boucle dans ma tête, les heures suivantes « déception sentimentale ». C’était ça ! Tout ça pour ça ! Je n’avais plus goût à la vie à cause d’une déception sentimentale !???

Quoiqu’il en soit, j’ai décidé à ce moment là de lutter contre mon dégoût de la nourriture, et j’y suis parvenue, tout d’abord, en mangeant seule, comme si de rien n’était, en mangeant sans penser au fait que je mangeais, en mangeant en même temps que je faisais une activité autre, et agréable.

Dix ans plus tard j’arrivais à accepter des repas de groupes, mastiquant longuement, où bien animant tant et si bien les repas qu’on remarquait à peine que j’en oubliais de manger.

Les amoureux qui m’invitaient au restaurant ne savaient pas que si je déclinais cette si jolie invitation, c’était pour éviter la corvée de passage obligé au partage de la tablée.

Maintenant, pour les repas de groupes incontournables, je ne décline plus l’invitation, et j’arrive même à faire comme tout le monde, et même, à y prendre goût.

En bref, j’ai eu la chance de ne pas tomber sur un spécialiste qui m’aurait dit « Mange ! Sale gamine ! »

réponse du psy sur anorexie

Florence

Les trois jeunes femmes de Cleveland séquestrées, torturées et violées pendant 10 ans par au moins un homme : un fait divers ?

Dre Muriel Salmona,
Présidente de l’association Mémoire Traumatique et Victimologie
le 8 mai 2013, actualisé le 9 mai 2013
Nous sommes sous le choc de cette information qui est tombée le 7 mai 2013 concernant trois jeunes femmes de Cleveland aux USA disparues depuis 10 ans qui venaient d’être retrouvées, l’une d’entre elle ayant en l’absence de leur bourreau (pour l’instant un seul des trois frères Castro, Ariel Castro est inculpé) réussi en cherchant à s’évader à alerter un voisin Charles Ramsay qui l’a aussitôt secouru.

Mais nous avons aussitôt assisté à tout un discours de minimisation et de négation de la réalité particulièrement intolérable avec l’habituelle incapacité de nombreux journalistes et spécialistes de nommer précisément les violences, de parler de leurs conséquences psychotraumatiques, et de les replacer dans un cadre plus politique de violences et de crimes sexistes commis par des hommes envers des femmes. Les mots crimes, viols, sévices, tortures, actes de barbarie ne sont que trop rarement entendus, les journalistes ne parlant surtout que d’enlèvement, de séquestrations, de calvaire, et même de syndrome de Stockholm…
On a également entendu qu’elles « allaient assez bien», «qu’elles parlaient normalement » !… « Qu’il fallait maintenant qu’elles se réadaptent à la vie normale ». Qui peut humainement croire que l’on peut aller « assez bien » après 10 ans de séquestration et les pires violences qui soient, après 10 ans de terreur et de peur de mourir permanente ? Que la souffrance psychique ne soit pas forcément visible, que les victimes soient complètement déconnectées et anesthésiées émotionnellement (dissociées) pour survivre et que ce soit un indice de gravité de leurs traumas qui pourront être des bombes à retardement, et de l’intensité de leurs souffrances ne vient à l’idée de personne et de presque aucun spécialiste.
Pour la seule raison qu’elles étaient des femmes : des adolescentes de 14 et 16 ans (Gina DeJesus et Amanda Berry) et une toute jeune femme de 21 ans (Michelle Knight) ont été kidnappées dans la rue, en sortant de l’école, en quittant leur travail et séquestrées pendant 9, 10 et 11 ans pour être privées de toute liberté et de tous leurs droits dans les pires conditions, terrorisées, violées tout au long de ces années avec dans ce contexte de terreur la naissance d’une enfant, conçue lors de ces viols, une petite fille de 6 ans, et d’autres grossesses qui auraient été interrompues par des coups (5 d’après la chaîne américaine NBC, mais cette information n’est pas confirmée par la police), subissant une torture continue, les pires sévices, les pires atteintes à leur dignité et à leur intégrité physique et psychique, esclavagisées, transformées en objet sexuel, isolées les unes des autres et enchaînées, soumises aux scénarios pervers et à la loi délirante d’un homme dans une maison qui n’était pas isolée, avec de nombreux voisins autour, dans un quartier populaire, sans que qui que ce soit ne se rende compte de rien… On apprend que des voisins auraient entendu des bruits de choc contre des portes, vu des jeunes femmes à quatre pattes tenues en laisse dans le jardin ?!!!… Et on apprend que d’autres jeunes filles disparues pourraient avoir été séquestrées et violées… (cf article du Parisien du 9 mai 2013)
Est-ce seulement un fait divers criminel, un crime contre l’humanité de ces jeunes femmes ou bien un crime contre l’humanité, un féminicide qui nous concerne toutes et tous ?
Il ne s’agit pas d’un fait divers, mais d’un fait de société, un fait politique qui illustre la condition des femmes, la domination masculine et la haine sexiste qui peuvent à tout moment se déverser sur elles. Et est tout à fait symptomatique de cette société composées de personnes qui ne veulent absolument pas savoir ce qui peut se passer chez leurs voisins, leurs amis, leurs proches, leur famille, dans le cadre de leur travail, des activités sportives, des institutions scolaires, des établissements de soin, etc., etc. Que les pires maltraitances, les pires crimes sexuels s’y passent en toute impunité, faut-il le rappeler les études de victimisation font état d’au moins 190 000 viols par an en France (en comptant en plus des femmes adultes : 75 0000, les mineurs qui représentent au moins 60% des viols filles et garçons et les hommes adultes, cf chiffres) commis dans 80% des cas par des personnes connues de la victime, seulement 8 % feront l’objet de plainte et 1,5 à 2 % de condamnation : le crime parfait qui assure uneimpunité quasi totale. Si l’on veut commettre des crimes, des atrocités, des tortures, les violences sexuelles sont ce qu’il y a de mieux pour le faire sans risque, à répétition, dans l’indifférence générale. Ces crimes ne seront pas connus et les victimes ni entendues, ni protégées, ni soignées, et même s’ils sont dénoncées, la grande majorité des victimes ne seront pas crues, traitées de menteuses, ou bien on considèrera qu’il s’agit en fait de sexualité et que la victime était consentante (dans une confusion atroce entre violences et sexualité, avec une vision pornographique de la femme qui aime – la s… – subir les pires violences et sévices sexuels), ou bien que la victime est coupable de s’être exposée, de ne s’être pas assez protégée, pas assez défendue, pas n’avoir parlé assez tôt. On considèrera que ce n’est que parole contre parole, « alors comment faire pour avoir des preuves ?», tout en ne les cherchant pas du côté de l’agresseur et en faisant une enquête à charge du côté de la victime, on déqualifiera plus de la moitié des viols en agression sexuelle dans un déni de réalité effrayant. Les victimes qui auront osé porter plainte seront maltraitées et non protégées tout au long de leurs parcours judiciaire, dans une indifférence et un manque d’empathie étonnants. Les agresseurs ne seront dans leur grande majorité ni inculpés, ni condamnés. Leur intentionnalité et leur logique de prédation et de préméditation ne seront pas recherchées, ni dénoncées, ni reconnues. Qui aura peur pour les prochaines victimes ?
Dans quel monde vit-on ? Comment vivre dans un monde qui tolère la perpétration de ces crimes sexistes sans y réagir ?
Un monde où être née femme scelle votre destin et fait de vous une proie potentielleoù que vous soyez, quels que soient votre histoire, vos croyances, vos engagements, votre milieu d’origine, votre statut social, vos études, votre travail, votre personnalité, votre âge, votre aspect physique, etc… Destin effarant d’être un jour ou l’autre une proie, sous couvert de sexe, pour un homme ou un groupe d’hommes, et d’être injuriée, agressée, violée, torturée et tuée… d’être condamnée à vivre dans un monde de non- droits, un monde où le féminicide est omniprésent.
Comment vivre dans un monde ou tout est banalisé, retourné. Les pires crimes ne sont pas nommés. La réalité des tortures qu’ont vécu les victimes n’est pas reconnue. L’impact et les conséquences psychotraumatiques de ces violences sont minimisés, méconnus voir même niés. Et ils ne font quasiment jamais l’objet de diagnostic, de prise en charge et de soin, alors que ces violences sont celles qui sont les plus psychoytraumatogènes et qu’elles entraînent de graves atteintes psychologiques et physiques, alors qu’il est reconnu que ces violences si elles ne sont pas prises en charge sont un des déterminant principal de la santé même des dizaines d’années après : en sachant que les traumatismes sont d’autant plus graves que la victime est plus jeune, les enfants même très petits seront gravement impactés par les violences qu’ils subissent ou dont ils sont témoins, même s’ils n’ont pas de souvenirs des violences, ils auront une mémoire traumatique de celles-ci, et seront traumatisés. Dans un contexte de violences des troubles psychotraumatiques peuvent se mettre en place chez l’enfant avant même la naissance, au moins à partir du 7ème mois de grossesse, c’est dire à quel point la petite fille de 6 ans d’Amanda Berry aura besoin de prise en charge et de soins (malgré les mises en scène médiatiques qui relaient sans recul les propos du chef adjoint de la police locale sur cette petite fille : Elle a l’air en forme, heureuse, en bonne santé, et elle a mangé une glace la nuit dernière).
Et – scandale de santé public sans nom – en France (et dans de très nombreux pays) les médecins (qu’ils soient généralistes ou spécialistes) ne sont toujours pas formés en psychotraumatologie et en victimologie, que ce soit en formation initiale ou continue !!!!!… Les médecins ne connaissent pas la réalité des violences subies par beaucoup de leurs patients et surtout patientes, ni les troubles psychotraumatiques, la sidération (la paralysie psychique et motrice au moment des violences) qui va être à l’origine d’un stress dépassé et d’un risque vital (cardio-vascuaire et neurologique avec des atteintes neuronales et des circuits neurologiques), ni les mécanismes de survie neuro-biologiques face au stress extrême(disjonction avec la production de drogues endogènes morphine et kétamine-like) qui entraînent une dissociation (avec une anesthésie émotionnelle et un sentiment d’étrangeté et de dépersonnalisation) et l’installation d’une mémoire traumatique(mémoire émotionnelle et sensorielle piégée qui n’a pas pu être traitée et intégrée par le cerveau et qui va revenir hanter la victime en lui faisant revivre à l’identique ce qu’elle a vécu, ressenti, entendu par des flash- backs, des réminiscences, des hallucinations sensorielles, des cauchemars, au moindre lien qui rappelle les violences), ils n’en connaissent pas les conséquences graves sur la santé qu’elle soit physique et mentale, et sur la vie quotidienne des victimes et le risque suicidaire, le risque de conduites à risque et addictives, le risque d’accidents, d’échecs scolaires, professionnels, dans sa vie affective, le risque de marginalisation et d’exclusion, le risque prostitutionnel. Ils sont donc dans leur immense majorité incapables de repérer les violences subies par leurs patientes et leurs conséquences, de les protéger, de proposer des soins adaptées, hors les troubles psychotraumatiques se traitent et on peut déminer la mémoire traumatique, décoloniser les victimes des violences et des mises en scène des agresseurs, et éviter ainsi de grandes souffrances et de très nombreuses conséquences.
Les victimes de viols, de violences sexuelles et de maltraitances sont donc laissées sans soin, sans information : il n’y a quasiment pas de centres de soins spécifiques pour elles, ni de médecins formés ! Il s’agit d’une grave atteinte à leurs droits et une perte de chance pour leur santé ainsi qu’une non-assistance à personne en danger !
Il y a URGENCE alors que les connaissances internationales sur les troubles psychotraumatiques sont bien répertoriées depuis les années 1980 (définition de l’état de stress post-traumatique) ! Que l’on sait que ce sont des conséquences normales que toute victime peut présenter, dues non à la victime mais à la gravité de ce qu’elle a subi et à l’intentionnalité de la détruire de l’agresseur ou des agresseurs. Que les connaissances sur les conséquences sur la santé ont fait l’objet de grandes quantité de publications internationales et que l’on sait qu’avoir subi des violences particulièrement dans l’enfance est un des déterminants principal de la santé de nombreuses années après (cf Felitti et Anda, 2010 : avec des risques non seulement d’atteintes psychologiques, mais également neurologiques, des atteintes cardio-vasculaires, pulmonaires, endocriniennes, immunologiques, digestives, gynécologiques, dermatologiques, etc.). Que l’OMSa reconnu depuis 2010 qu’avoir subi des violences faites aux femmes est un des déterminant principal de leur santé. Que les mécanismes psychologiques et neuro-biologiques en cause et leurs traitements sont de mieux en mieux connus, que ce sont des conséquences logiques d’actes criminels perpétrés dans le but de générer le maximum de souffrance chez les victimes, et d’organiser délibérément chez elles un traumatisme qui sera utile à l’agresseur comme une drogue pour s’anesthésier et mettre en place sa domination.
Qui se préoccupe réellement de ce qu’ont vécu les victimes de violences sexuelles et de sévices physiques ? Qui se préoccupe de ce qu’elles vivent au quotidien, de l’enfer que sont les troubles psychotraumatiques avec une mémoire traumatique qui leur fait revivre continuellement les pires moment, les pires sentiments de terreur et de détresse, les pires douleurs, les pires atteintes à leur dignité ? On les abandonne, sans rien reconnaître de ce qu’elles ont subi, sans remettre le monde à l’endroit, sans les aider à se décoloniser de toute cette violence qui les hante et les torture encore et encore, de toutes les phrases assassines et les scénarios pervers des agresseurs qui organisent chez elles un sentiment de culpabilité et de honte, et une estime de soi catastrophique, sentiments crées de toute pièce et relayés par un entourage contaminé par tous les stéréotypes les plus aberrants. Elles se retrouvent seules, sommées de prendre sur elles, de faire comme si, «de tourner la page», de ne pas se victimiser, à devoir survivre à des souffrances que personne ne pourrait supporter, à des attaques incessantes sur elles, leur incapacité à avancer, à ne pas se plaindre. Dans un retournement pervers particulièrement cruel on les accuse d’être les propres responsables de leurs tourments, de leurs propres destructions, ou bien on les considère comme folles (les troubles psychotraumatiques étant pris pour des symptômes psychotiques par méconnaissance). Quoi de plus horrible à vivre ?… Elles se retrouvent à devoir mettre en place des stratégies de survie pour quand même tenir coûte que coûte faites de conduites d’évitement, de contrôle et de conduites anesthésiant. Mais ces stratégies hyper coûteuses et invalidantes pour elles, leur seront aussi continuellement reprochées et seront utilisées souvent pour disqualifier leurs paroles. Et le peu de traitement qu’on leur propose est uniquement symptomatique, non rapporté et centré sur les violences subies, et le plus souvent dissociant et anesthésiant, voire violent (camisole chimique, enfermement, contention, électrochocs,…).
Qui se préoccupe de tout ces enfants, de toutes ces adolescentes, de toutes ces femmes qui actuellement qui sont à l’heure actuelle séquestrées par des criminels qui peuvent être leurs proches pour subir des tortures et des leurs parents, leurs conjoints viols à répétitions, qui se préoccupe vraiment de toutes ces femmes qui disparaissent, de toutes ces prostituées qui disparaissent. Combien sont-elles ces victimes qui sont rendues invisibles, qui sont baillonnées, menacées ? Combien sont-ils ces bourreaux qui peuvent commettre les pires crimes en toute impunité ? Elles peuvent être nos voisines. Ils peuvent être nos voisins si serviables, si sympathiques… (comme le principal accusé, Ariel Castro, est décrit : « il aimait emmener des jeunes du quartier faire un tour sur sa moto, jouait de la basse dans des groupes de salsa, et se mêlait au voisinage lors de barbecues. Il participait même aux évènements menés pour retrouver les filles disparues comme des marches en leur honneur ou des distributions de tracts. » cf article  Le Monde). Ils peuvent être ces personnes importantes, élus, médecins, universitaires, hauts fonctionnaires, personnes du monde du cinéma, des médias que tout le monde ou presque admire… Qui se préoccupe des victimes qui les ont déjà souvent accusés de violences ?… En 2005, l’ex-femme d’Ariel Castro avait porté plainte contre lui pour violences conjugales sans qu’il soit inculpé, « l’accusant d’avoir « souvent enlevé » leurs deux filles et de les avoir « empêché d’être avec (leur) mère ». Les documents judiciaires indiquent en outre que Grimilda Figueroa, décédée l’an dernier, avait eu deux fois le nez brisé, des côtes cassées, les épaules luxées, et qu’elle avait demandé au juge« d’empêcher (Castro) de menacer de la tuer ». Ariel Castro, le 22 avril avait posté une affiche sur laquelle était écrite : «Une vraie femme n’utilisera pas son enfant comme arme contre le père quand la relation se brise. Ne perdez pas de vue que c’est l’enfant qui souffre.» !!…
Il est temps d’ouvrir les yeux, de ne plus tolérer cette violence faite aux femmes et l’impunité dont bénéficie les agresseurs. Il est temps que les victimes soient enfin réellement secourues, protégées, soutenues. Il est temps d’être solidaire des victimes, de s’indigner de ce qu’elles ont subi et de dénoncer les coupables. Il est temps de leur redonner la dignité et la valeur que leur a déniées l’agresseur et ses complices. Il est de temps de leur rendre enfin justice, de leur donner des réparations à hauteur de ce qu’elles ont subi et de les soigner.
Pour cela, il faut agir, dénoncer, demander des compte, exiger, se révolter…
MOBILISONS-NOUS ! Signez massivement le manifeste
Exigeons une vraie information sur la réalité de ces violences, la mise en place d’une formation des professionnels de la santé et de tous les professionnels qui prennent en charge et accompagnent les victimes, l’ouverture de centre de crise et de soins pour les victimes de violences, et une justice digne de ce nom.
Le 8 mai 2013
Dre Muriel Salmona
psychiatre
présidente de l’association Mémoire Traumatique et Victimologie drmsalmona@gmail.com
memoiretraumatique.org

Article à télécharger en PDF sur le site memoiretraumatique.org : : http://www.memoiretraumatique.org/assets/files/doc_violences_sex/article-sur-les-jeunes-femmes-sequestrees-de-Cleveland.pdf

Pour en savoir plus :
à lire :  Le livre noir des violences sexuelles  de la Dre Muriel Salmona paru en avril chez Dunod
voir également les blogs :
http://www.stopauxviolences.blogspot.fr
ethttp://lelivrenoirdesviolencessexuelles.wordpress.com
avec sur les violences sexuelles des articles, des chiffes, des témoignages,
une bibliographie, les textes de loi, des vidéos, etc.
et les articles Mémoire traumatique et conduites dissociantes paru chez Dunod en 2012 :http://www.stopauxviolences.blogspot.fr/2012/03/dernier- article-de-muriel-salmona-avec.html
et : La dissociation traumatique et les «troubles de la personnalité post–traumatique : où comment devient-on étranger à soi-même ? à paraître chez Dunod en 2013 : http://www.stopauxviolences.blogspot.fr/2013/04/nouvel-article-la-dissociation.html

le communiqué de presse de l’association sur le verdict du procès des viols collectifs rendu par le  tribunal de Créteil, l’article En réponse aux pro-prostitution
L’article Abolir le système prostitueur c’est réaffirmer les droits humains avec Sandrine Goldschmidt, Anne Billow, Typhaine Duch, Annie Ferrand et moi-même

et le Scoop-it sur la prostitution de Fée Ministe

le manifeste et la campagne pas de justice pas de paix

Le site Zero-impunity

Pour signer le manifeste Violences et soins : pour que les victimes de violences soient enfin protégées, pour qu’elles reçoivent des soins appropriés et pour que leurs droits soient respectés : http://www.stopauxviolences.blogspot.fr/2012/06/nous-accusons-manifeste-petition-signer.html

Psychologues, si on osait la rencontre ?

La peur.

 Ou le confort ?

 La peur de quitter notre confort ?

 Pourquoi certains « patients » sont-ils si souvent décus après une séance chez un psychologue, un entretien, une discussion ?

 Parfois la rencontre a touché une zone sensible, une fragilité que le patient tient pour l’instant à préserver. Il reviendra, plus tard.

Mais combien de coeurs angoissés, malmenés par une rencontre qui ne se passe pas dans l’authenticité ?

 Le psychologue finit ses études gonflé de théories rassurantes, il va sauver le monde, il le comprend.

Waou.

Il a appris que sa profession s’appuie sur deux postures. Deux facons d’être visent en effet à écouter le patient en toute liberté, sans se laisser déborder par une empathie envahissante, l’écho que peuvent avoir ses paroles, ses convictions propres, politiques, morales ou religieuses. On parle d’attention flottante pour représenter la capacité du psychologue à se laisser aller, sans contrôle intellectuel, jusque dans l’accueil des émotions et du langage corporel des patients. A côté de l’attention flottante on parle aussi du concept de neutralité bienveillante. Le psychologue, tout en restant accueillant, n’est pas censé discuter opinion avec son patient, ne pas débattre d’idées.

 Mais très vite, de nombreux psychologues prennent appui sur ces deux principes pour se cacher derrière une froideur distante et un silence souvent réfrigérant, intimidant, blessant.

 Le psychologue silencieux qui émet une onomatopée de temps en temps… ce n’est pas un cliché, on l’a tous rencontré.

 On est alors tous ressorti de son bureau avec notre solitude et notre angoisse un peu plus lourdes, qui débordaient du sac à dos.

Alors, les psychologues, fuirait-on l’autre, sa différence ?

La rencontre est un risque.

 Un risque à prendre. Un risque qui mérite qu’on sorte du confort de nos bureaux, de nos fauteuils.

L’autre nous éveille, nous bouscule dans nos certitudes. Il nous fait peur, nous apporte un bagage lourd, douloureux, qu’on redoute parfois de ne pas savoir porter. Nous aussi, psychologues, avons peur de souffrir. Mais nous, nous avons choisi ce métier.

 Osons..

Agnès Vigouroux

Libye – MSF participe à la mise en place d’un réseau de soins psychologiques à Misrata

MSF aide à la création d’un réseau d’une trentaine de psychologues locaux dans le cadre de ses projets de soutien médical à Misrata, théâtre de violents combats depuis plus de trois mois.

soutien en Libye d'un réseau d'une trentaine de psy à Misrata assiégé

consultation menée par un psychologue MSF à Misrata
© Eddy McCall/MSF

Dans un pays n’ayant pas connu la guerre depuis plus de quatre décennies, qui dispose de peu de psychiatres et où la psychologie est un aspect souvent négligé et sous-évalué de la santé mentale, MSF se concentre sur l’aide à la mise en place d’un réseau de psychologues locaux s’adressant à la fois aux patients recevant un traitement dans des principaux centres de santé de la ville, ainsi qu’aux personnes n’ayant pas accès au système de soins.

« Avant la guerre, il n’existait rien d’autre que des services de psychologie destinés aux enfants de Misrata. Même la psychiatrie n’y était pas réellement proposée », explique Elias Abi-Aad, psychologue à MSF. Les gens ne disposaient d’aucune expérience en psychologie clinique, encore moins pour les traumatismes liés à la guerre et les troubles de santé mentale. »

Au-delà des formations destinées à mener des thérapies élémentaires et des consultations, les psychologues de MSF ont mis à disposition du personnel de santé local leurs outils de soins psychologiques développés au cours de 40 années d’expériences dans des contextes de guerre.

«Avant de rencontrer MSF, mes connaissances en tant que psychologue étaient sommaires, explique Fatima Alaylech, psychologue locale. J’ai beaucoup appris de ces formations, en particulier la façon de traiter les traumatismes post-conflit, d’autant que nous n’avons jamais vécu ce genre d’expérience en Libye et que je n’avais jamais rencontré ce type de patients. »

Les membres du réseau ont été initiés afin d’être en mesure de reconnaître les symptômes liés au trauma psychologique et d’établir des critères précis de référence.

MSF organise régulièrement des sessions de formation et des réunions pour discuter des questions pratiques comme la façon de mener une consultation, d’établir un diagnostic, d’effectuer un suivi de traitement et de construire une relation, ou pour dispenser des informations spécifiques sur le traitement des troubles liés au contexte de Misrata.

«Nous discutons de tout – de l’histoire des patients jusqu’aux symptômes qu’ils éprouvent, en passant par ceux qui sont habituellement observés en temps de guerre, l’établissement de plans d’action ou les objectifs à atteindre fixés par le patient et le psychologue », raconte Elias.

« Blessés »

Au début, les psychologues locaux étaient peu familiers de ce type d’activités de santé mentale. L’équipe de MSF a passé du temps avec le personnel médical local afin d’expliquer la nature des interventions « psy », l’importance d’aborder ces questions dès maintenant et de prévenir des conséquences potentiellement plus néfastes. Etape par étape, les patients jusque-là délaissés par le système de soins ont commencé à se rapprocher du réseau pour trouver assistance, tout comme le personnel médical local surchargé de travail et qui souffrait de stress et d’anxiété.

« Nous avons expliqué que la guerre est un facteur extérieur causant des problèmes inhabituels et auxquels la population générale n’est pas habituée, explique Elias. De cette façon, il était plus facile pour les gens de demander un soutien, se considérant d’abord comme « blessés » et non pas comme fous ou déséquilibrés. »

Face à la nécessité croissante de soins psychologiques, le réseau a progressivement trouvé sa place parmi l’éventail de soins proposé à la population de Misrata.

Principaux symptômes

En plus des cas d’amputations référés par le personnel médical, hommes, femmes et enfants sont traités par le réseau pour anxiété, dépression, réactions post-traumatiques, troubles psychosomatiques et troubles du comportement causés par des facteurs tels que la perte d’êtres chers, les bombardements constants, les évacuations, des handicaps et graves blessures physiques, ainsi que l’angoisse de l’avenir.

«Dans les derniers mois, les gens ont commencé à révéler des symptômes psychosomatiques, bien qu’ils n’aient pas été blessés physiquement, dit Fatima. Ce type de symptômes apparaît normalement entre cinq et six mois après l’expérience traumatique, mais nous commençons déjà à voir de plus en plus de troubles comme la dépression, l’anxiété et les névroses diverses chez les enfants telles que l’énurésie nocturne, l’agressivité et les comportements violents. »

Le réseau de psychologues entretient des liens étroits avec les services pédiatriques de Misrata, et fournit des informations aux pédiatres locaux quant à l’indentification des principaux signes de troubles psychiques.

«Une fois, une mère est venue vers moi après m’avoir entendu évoquer des critères de référence avec un pédiatre. « Je pense que les problèmes de mon enfant correspondent à certains de ces critères », m’a-t-elle dit. «Son enfant souffrait de maux d’estomac aigus que le médecin n’arrivait pas à expliquer. En fait, il souffrait de troubles psychosomatiques que nous avons traités. Il va mieux maintenant et la douleur est partie. »

Pérennité

Depuis qu’il est devenu pleinement opérationnel au début du mois de juin, le réseau a pris en charge environ 200 patients. MSF prévoit de poursuivre ce programme afin de consolider l’offre de soins psychologiques dans le système de santé de Misrata et d’élargir le traitement offert à la population locale. « Nous disposons maintenant d’un partenaire local doté d’objectifs clairs et d’une forte motivation, mais qui manque d’expérience, de formation, d’outils de travail, de supervision, et surtout de légitimité à long terme auprès de la population locale, explique Elias. MSF pallie ces manques, comme elle permet aux patients d’accéder aux structures de santé où nous travaillons. Ce soutien de l’Association est crucial pour étendre et installer ce programme dans la durée. »

MSF est présent en Libye depuis le 25 février. L’ONG fournit une assistance à Misrata, Benghazi, Zintan, dans des camps le long de la frontière tunisienne, sur les îles italiennes de Lampedusa et de Sicile. MSF tente aussi d’intervenir dans d’autres lieux affectés par le conflit en Libye, y compris à Tripoli. Pour garantir l’indépendance de ses activités médicales, MSF n’utilise en Libye que des ressources financières provenant de donateurs privés, et n’accepte aucun financement de la part des gouvernements, bailleurs ou autres acteurs militaires ou politiques.

http://www.msf.fr/2011/07/13/10001/libye-msf-participe-a-la-mise-en-place-dun-reseau-de-soins-psychologiques-a-misrata/

La drôle de mode des « Cellules psychologique »

Victimes de leur succès, les cellules
d’urgence médico-psychologiques (CUMP)  semblent de plus en plus présentes. Des
équipes d’infirmiers, de psychiatres et de psychologues sont mobilisées pour le
moindre événement. Effet de mode ou  réel besoin ?

Les cellules d’urgence médico-psychologiques
bénéficient parfois plus aux pouvoirs publics qu’aux victimes… © J.
Girarte

Départ au ski. Un acte de vandalisme empêche les trains de circuler et près
de 30 000 Français sont bloqués plusieurs heures en gare de Chambéry.

Heureusement, des CUMP vont permettre aux vacanciers de surmonter le
traumatisme et le stress de ces quelques heures d’attente. Une cellule d’écoute
sera également disponible pour les plus meurtris (ndlr : ceux qui avaient déjà
payé leur forfait du samedi).

Un scénario qui prête à sourire… et pourtant pas si éloigné de la
réalité.

Une CUMP, ça sert à quoi exactement
?

Créées en 1995 par Xavier Emmanuelli suite aux attentats perpétrés dans la
station de métro Saint-Michel, les CUMP font l’objet d’un véritable
engouement.

De la catastrophe de grande ampleur au braquage de sac à main, elles sont
toujours présentes. Pas étonnant vu la précision des textes sur leurs conditions
d’intervention. D’après la
circulaire instaurant la création des CUMP
, le dispositif est destiné à la
prise en charge des blessés psychiques dans des situations
d’urgence
en cas :

• de catastrophes ;

• d’accidents collectifs ou attentats ;

• d’événements à fort retentissement.

Est-ce que cela concerne également les catastrophes n’impliquant qu’une seule
victime ? Est-ce qu’un accident collectif doit être pris en charge s’il n’y a
aucun blessé ?

La CUMP du Bas-Rhin, dans son bilan d’activité 2009, rapporte que « face
à la multiplication des interventions […] la question des limites a été posée
».

Au niveau national, quatre groupes de travail ont été mis en place dont un
dédié à la question des conditions d’intervention des CUMP. Les conclusions ont
été rendues en novembre 2010 mais pour le moment, les limites n’ont
toujours pas été redéfinies…

Qui donne l’alerte ?

Un autre point clé est la question de la mise en place d’une cellule. En
théorie, une CUMP est déclenchée à l’initiative du SAMU et sur accord du médecin
psychiatre coordonnateur. Sauf que les textes prévoient qu’ « en cas de
catastrophe ou d’événement majeur ou lorsque le préfet juge que la situation est
suffisamment grave […], il charge le médecin responsable du SAMU départemental
de les mobiliser
».

Les termes ne sont pas précisés davantage et la notion de gravité, peu
objectivable, reste à l’appréciation de chacun. Mais il semble que certains ont
rapidement pris les choses en main. Par exemple, on découvre dans le bilan
d’activité 2000 de la CUMP Rhônes-Alpes qu’environ 20 % des missions n’ont pas
été déclenchées sur appel du SAMU*. Un chiffre qui explique peut-être le défilé
des CUMP mises en place. Les cellules, par ailleurs très médiatisées, ne
se sont-elles pas transformées un peu en faire-valoir de certains dirigeants
politiques ?

Au final, dans la satisfaction générale, les préfets peuvent augmenter leur
cote de popularité… Alors vite, des infirmiers de secteur psychiatrique, des
psychologues, des psychiatres ! Les CUMP semblent avoir encore de beaux jours
devant elles avant que les limites d’intervention de celles-ci ne soient
redéfinies…

* Les cellules d’urgence médico-psychologiques face à une demande
croissante. Module interprofessionnel de santé publique 2001. Ecole nationale de
la santé publique.

Pour en savoir
plus :

• Circulaire DH E04-DGS SQ2 n° 97.383 du 2 Mai 1997 relative à la
création d’un réseau national de prise en charge de l’urgence
médico-psychologique en cas de catastrophe.

• Circulaire DHOS/O 2/DGS/6 C n° 2003-235 du 20 mai 2003 relative
au renforcement du réseau national de l’urgence médico-psychologique en cas de
catastrophe

Stéphane Desmichelle

http://www.actusoins.com/7229/la-drole-de-mode-des-cellules-psychologique.html

« 100 mots pour comprendre la psychiatrie », Jean Garrabé, Les Empêcheurs de penser en rond

Présentation de l’éditeur
Le vocabulaire psychiatrique est un patchwork de mots d’origines tout à fait disparates. Les uns sont empruntés au langage courant, d’autres ont une étymologie grecque, soit qu’ils proviennent de la médecine hippocratique, comme hystérie ou manie, soit qu’il s’agisse de néologismes forgés au début du XIXe siècle (à la manière du mot psychiatrie) ou au siècle suivant (comme schizophrénie). Ce langage technique constitue une langue vivante : certains
termes disparaissent, le sens d’autres est oublié. Devant choisir 100 mots, nous avons tenté de retenir ceux que l’on peut relier entre eux pour tisser un filet permettant d’en pécher d’autres dans
différents courants de pensée.

Biographie de l’auteur   Jean Garrabé est psychiatre.  

Une excellente collection, une très bonne introduction mais aussi, quand on connaît mieux le sujet, une invitation à en découvrir davantage. Tout le monde y trouve son compte, les références historiques et étymologiques approfondissant les articles.

Egalement cans cette collection:

Présentation de l’éditeur
La psychologie est un carrefour. Ainsi quand elle s’intéresse aux rêves, elle utilise les données venues des neurosciences sur le fonctionnement du cerveau endormi, mais aussi les interprétations de Freud. La psychologie n’est pas une science exacte comme la physique ou la chimie. Elle est, au contraire, toujours réflexive car quand les hommes changent de discours, de pensées, d’esprit, c’est le monde lui-même qui change. Il est, par exemple, impossible de comprendre la notion d' »abus sexuel » sans étudier pourquoi cette notion est si récente…

Biographie de l’auteur
Françoise Parot est maître de conférences à l’université de Paris V.

« Des fleurs pour Algernon », Daniel Keyes, J’ai Lu

Quatrième de couverture

Algernon est une souris de laboratoire dont
le traitement du Pr Nemur et du Dr Strauss vient de décupler l’intelligence.
Enhardis par cette réussite, les deux savants tentent alors, avec l’assistance
de la psychologue Alice Kinnian, d’appliquer leur découverte à Charlie Gordon,
un simple d’esprit employé dans une boulangerie.C’est bientôt l’extraordinaire éveil de l’intelligence pour le jeune homme.
Il découvre un monde dont il avait toujours été exclu, et l’amour qui naît entre
Alice et lui achève de le métamorphoser.

Mais un jours les facultés supérieures d’Algernon déclinent. Commence alors
pour Charlie le drame atroce d’un homme qui, en pleine conscience, se sent
retourner â l’état de bête…

Des fleurs pour algernon

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