Posts Tagged ‘idées reçues’

Je veux qu’on m’aide à vivre, pas à mourir

J’ai lu un article complètement misérabiliste sur la schizophrénie. Un enfer, une maladie qui fait peur, des histoires terrifiantes, des gens enfermés à l’hôpital sans espoir, une maladie incurable et sans traitement. Résultat, des commentaires sur facebook demandent pourquoi l’aide à mourir ne s’applique pas aux schizophrènes.

Même quand j’étais suicidaire, et je l’ai été longtemps, je ne voulais pas d’aide à mourir. Je voulais une aide à vivre.

Je voulais mourir parce que j’étais seule avec cette maladie. Ce n’est pas mon histoire qui était terrifiante, c’était le symptômes que je vivais seule. Les crises, oui, c’était l’enfer, mais ma vie ne se résumait pas aux crises. Ma pensée ne se résumait pas au délire. Le délire, ce n’est pas non plus la part du rêve, comme le fait croire cet article. On n’est pas juste des êtres délirants, bons à être enfermés, sans traitement possible, et qui à l’occasion versons de l’eau bouillante dans l’oreille d’une voisine.

Notre vie est aussi précieuse que celle des autres.

Ecrire des articles de ce type, sous couvert de bienveillance, ça pousse juste les gens à nous voir encore comme les rebuts de l’humanité, qu’on devrait euthanasier par charité. C’est nous dénier toute possibilité de rémission, de rétablissement, c’est enlever toute valeur à notre vie. Et en passant, notre vie n’a pas moins de valeur quand on est en crise. J’ai entendu l’autre jour dans un film une éducatrice parler d’usagers en psychiatrie qui venaient dans un café thérapeutique dire « ils redeviennent de vraies personnes ». Comme si à un moment ou un autre, on avait arrêté d’être des personnes. C’était d’une violence incroyable mais personne n’avait l’air de s’en rendre compte.

C’est un peu trop facile de rejeter un groupe de personnes, de les discriminer, de les stigmatiser de mal les soigner, et puis de dire « oh, les pauvres, aidons-les à mourir ». Commençons par inclure les personnes schizophrènes dans la société, par respecter leurs droits, par écouter leur parole, par leur offrir des soins de qualité. Ca me paraît beaucoup plus urgent que de parler d’aide à mourir. L’urgence, c’est d’aider à vivre, et notamment les 10% de schizophrènes qui n’ont besoin de l’aide de personne pour se suicider.

« Lui, c’est un psy »

Les soignants entre eux désignent parfois (souvent?) les personnes suivies en psychiatrie par le terme « psy ». « Lui, c’est un psy ».

Jugement définitif et catégorique.

Ca veut dire que c’est dans sa tête, qu’il simule, qu’il ne faut pas rentrer dans son jeu. Oui, parce que quand vous êtes « psy » et que vous avez mal, c’est un jeu apparemment, un piège tendu au soignant dans lequel il ne faut surtout pas qu’il tombe, au risque de… de quoi au juste?

Dire « les psys », c’est faire une seule catégorie avec 33% de la population (chiffres de l’OMS), qui présente des troubles très divers. C’est faire comme si ce tiers de la population ne pouvait pas avoir de problèmes somatiques. Alors qu’on sait qu’il y a une surmortalité chez ces patients. (https://www.lequotidiendumedecin.fr/liberal/exercice/surmortalite-des-patients-psychiatriques-prescription-des-antidepresseurs-inappropriee-la-cnam)

Oui, je sais, c’est étonnant, mais avoir une maladie mentale ne nous empêche pas d’avoir une ou des maladies somatiques à côté.

Quand bien même certains troubles seraient psychosomatiques, ne sont-ils pas à traiter comme les autres?

Et si quelqu’un en est à faire semblant d’être malade pour avoir de l’attention, n’y a-t-il pas quelque chose à creuser?

Je m’interroge sur cette peur qu’on certains soignants de rentrer dans notre jeu, de donner de l’attention là il faudrait soi-disant rester indifférent, au point de risquer la vie de leur patient. De quoi ont-ils peur au juste?

Quand on a mal, il ne faut pas rentrer dans notre jeu.

Quand on est suicidaire, il ne faut pas nous donner de l’attention.

Quand on est psychotique, il ne faut pas nous croire.

Si j’ai bien compris, dire « il est psy », ça veut dire « ignore-le ».

Depuis quand ignorer son patient et sa parole est un bon précepte en médecine? Depuis quand soigne-t-on en ignorant?

Je ne suis pas « psy », je suis une personne. Et même si ma tête déconne, j’ai un corps qui ne fonctionne pas toujours bien non plus, et qui ne peut être ignoré sans danger.  Pour certains, dire « il est psy », c’est une façon pratique de catégoriser les gens, pour nous c’est nous réduire à une maladie psychique et jouer avec notre vie.

Rien sur nous sans nous

Quelque chose qui me met en colère, mais vraiment en colère, c’est quand les gens pensent que les malades psys ne se rendent compte de rien.

Dans 28 minutes, sur Arte, une journaliste s’étonne que les patients eux-mêmes se rendent compte des problèmes de la psychiatrie.

Mais vous croyez quoi, à la fin? Qu’on est débile, comme le disait Ruffin dans son livre? Qu’on est des plantes vertes, comme le disait un autre journaliste en parlant du pilote qui s’est suicidé à bord de son avion et qui aurait dû prendre ses médicaments pour « devenir une espèce de plante verte »?

Eh bien, non!

Oui, on se rend compte des problèmes de la psychiatrie. On le voit, quand les soignants n’ont plus le temps de nous parler. On le sent quand on est surshooté pour qu’ils aient la paix. Ceux qui sont attachés, isolés, ils le ressentent de leur chair les dysfonctionnements de la psychiatrie. Vous croyez quoi? Que parce qu’on entend des voix ou qu’on a des troubles de l’humeur, on ne sent plus les liens sur nos membres, les démangeaisons qu’on ne peut pas gratter parce qu’on est immobilisés? Qu’on ne remarque pas que la porte de la chambre ou du service est fermée à clé? Qu’on n’a aucune distraction, qu’on prend du pouvoir sur nous, qu’on nous dicte notre conduite, vous pensez qu’on ne s’en rend pas compte? Qu’on nous prenne nos vêtements, nos affaires, notre téléphone, vous croyez vraiment que ça ne nous fait rien?

Vous le prendriez comment, vous, tout ça? Laissez-moi deviner… mal. Eh bien nous aussi, surtout qu’à la base, on est beaucoup à être hypersensibles. Et qu’en crise, c’est encore pire. On n’est pas moins humains que vous, on n’est pas moins sensibles que vous, on n’est pas moins intelligents que vous.

Il faut vraiment arrêter avec ça, avec « ils ne se rendent compte de rien, ils ne ressentent rien ». Il faut arrêter de prendre ça comme postulat de départ pour ne même pas chercher à avoir notre avis, à nous inviter dans vos émissions sur nous, dans vos articles, vos livres, vos discours sur nous. Il faut arrêter de parler de nous sans nous.

Et puis c’est bien pratique, ce postulat, pour continuer à attacher, à enfermer, à mépriser. On ne le supporterait pour aucune autre catégorie de la population, mais les fous, hein, ils ne ressentent rien, alors c’est pas très grave. Eh bien si, c’est très grave.

On ressent tout et on en a marre.

Le drame de la folie

Un article du Monde explique que la série HP veut dédramatiser la folie. Pour moi, la série arrive tout juste à la rendre ridicule et à évacuer la question de la souffrance. Mais quand bien même, faut-il dédramatiser le folie? La déstigmatiser, oui, dire qu’on peut en sortir oui, mais oublier que c’est un drame?

On m’a parfois reproché d’utiliser des motifs trop durs, trop gore, en premier lieu la photo de Jessica Harrison, la statue qui porte ses tripes, qui représente pour moi la schizophrénie en joli.

C’est vrai qu’actuellement on préfère donner des conseils bateau, faire des campagnes sur de beaux mariages, expliquer à quel point la vie peut être belle quand on est psychotique. Certes, c’est important de savoir qu’on peut aller mieux, mais il ne faut pas que ça se fasse au détriment de la connaissance de la maladie, de le reconnaissance de la souffrance. Je ne sais pas qui se reconnaît dans les conseils de développement personnel ou dans le monde merveilleux des publicités, pas grand-monde j’ai l’impression, alors les schizophrènes encore moins à mon avis.

A seize ans, avant de décompenser, j’ai écrit l’histoire d’une jeune fille qui finissait par se suicider. Elles se regardait dans les vitrines et voyait son cadavre en décomposition, des vers lui sortant des yeux, se disant « c’est toi, petite conne, et tes yeux sont morts ».  J’écrivais souvent des choses qu’il m’arrivait par la suite, comme si c’étaient en moi avant même que je le sache. C’était les prémices de ces années où j’ai vécu avec une bête noire à l’intérieur de moi, où je n’avais plus de sang, où je ressentais un froid de cadavre, où je me répétais « ils sont vivants et je suis morte », où je pleurais des larmes de sang (que je n’avais plus, ne cherchez pas la logique).

N’est-ce pas un drame d’avoir moins de vingt ans et de se regarder vivre en morte vivante?

N’est-ce pas un drame d’être si jeune et d’être suicidaire, délirante, dévorée par l’angoisse?

Moi je crois que si. Un drame tel qu’on ne peut l’oublier, même si on en est sorti depuis des années.

Mes motifs ont toujours été durs parce que la folie est un drame, parce que je n’ai rien d’autre pour la décrire. Et que si on peut se permettre d’en rire, c’est pour oublier quelques instants cette souffrance. J’en ai ri avec les gens qui la connaissaient; avec ceux qui n’en verraient que le côté drôle, ça me mettrait mal à l’aise.

Si vous voulez comprendre la psychose, plutôt que de ne faire que d’en rire en regardant HP, lisez ce texte de Dandelion.

 

 

 

Dangereux ou attachant

Dans les séries télé (à l’exception de Perception et Black Box), les psychotiques sont présentés comme des tueurs ou comme des êtres burlesques, surréalistes, forcément attachants.

Scoop: nous ne sommes ni l’un ni l’autre.

Je ne reviendrai pas sur la dangerosité, j’en ai assez parlé sur ce blog.

Dans la série HP, un interne dit que les patients sont libres d’aller et venir dans le service comme de petits écureuils.

Je n’ai pas plus envie de passer pour une folle dangereuse que pour un petit écureuil. Dans le premier cas, quelqu’un qu’on dit inhumain, dans le second un animal. Mignon, attachant, oui, mais un animal quand même.

Les psychotiques ne vivent pas en absurdie, ne sont pas des génies surréalistes, ne sont pas plus attachants que les autres.

En fait, puisqu’il faut le répéter, il y a autant de schizophrènes différents que dans n’importe quel groupe de personnes. Et ça vaut pour toutes les maladies mentales. Notre maladie ne fait pas de nous des dangers publics ou de mignons petits êtres attachants.

Je n’ai envie d’être ni votre pire cauchemar ni votre caution handicap. Je veux juste être moi.

Je n’ai pas envie de fasciner, ni dans un sens ni dans l’autre. La psychose, ça ne fascine que les gens qui ne la vivent pas. En vrai, ça fait juste peur et très mal. C’est long, répétitif, usant. Ca tue. Nous, bien plus que les autres. Ca ne nous rend pas attachant, ça fait fuir les gens, la plupart du temps.

De temps en temps, j’aimerais bien être représentée comme une humaine avec ses qualités et ses défauts. Je me dis que ça doit être chouette de se reconnaître dans une série télé, un livre ou un film sans soupirer devant la caricature qui est faite de soi.

 

 

Tu fais ça pour te rendre intéressante

Si vous avez l’air « normal », que vous vous exprimez bien, vous avez certainement déjà entendu cette phrase. Ca va avec le fameux « Oh, tu sais, on est tous un peu schizophrènes« .

Alors, déjà, qui s’invente une maladie pour se rendre intéressant? Parce que, croyez-le ou non, les maladies n’intéressent pas les gens. Ils ont tendance à fuir. Certes, faire une crise devant tout le monde fera parler de vous. Mais qui a envie de passer pour la folle ou le fou de service?

J’ai beaucoup pleuré devant les gens, j’ai fait des crises d’angoisse en public, je me suis même coupée discrètement quand j’étais avec de amis (sauf que mon doigt s’est mis à tellement pisser le sang que la manche de mon pull en était imbibée). Que font les gens dans ces cas-là? La plupart du temps, rien. Ils se disent sans doute « elle fait ça pour se rendre intéressante, ne lui donnons pas ce qu’elle veut ». Après, ils parlent de vous, ça ne fait aucun doute. Mais qui a envie qu’on parle sur son dos pour finir par décider que vous dégagez des ondes négatives et qu’il vaut mieux vous éviter?

Certains disent qu’on s’invente un diagnostic pour se donner une identité. Mais oui, bien sûr, tout le monde a envie d’un diagnostic psychiatrique, c’est si simple à porter! Franchement, qui a envie d’avoir une maladie qui va faire fuir les gens et vous mettre des bâtons dans les roues au travail, pour trouver un logement, pour avoir une assurance, etc?

La vérité, c’est que j’ai tout fait pour avoir l’air normale. Que je cachais mes symptômes le plus possible. Oui, ça se voyait à un kilomètre que j’étais malade, et pourtant ce n’était que la partie émergée de l’iceberg. La vérité, c’est que j’aurais voulu que personne ne sache rien. Encore aujourd’hui, alors que tout le monde sait que je suis schizophrène, je fais tout pour épargner mes états d’âme à mon entourage. J’essaie de ne jamais me plaindre, parce que je n’ai pas envie qu’on parle de moi ni qu’on me trouve bizarre.

Mon rêve, pendant des années, ce n’était pas d’avoir une maladie pour me rendre intéressante, mais d’être normale à tout prix. Je voulais ça plus que tout. Mais finalement, les remarques de ce genre m’ont au moins guérie de ça.

Les schizophrènes, le mal, la mort

Ce soir, une requête Google menant à mon blog est « le schizophrène aime faire le mal ».

Alors, il est peut-être temps de rappeler quelques évidences. Surtout aujourd’hui où je porte le deuil de ma meilleure amie, schizophrène, morte par suicide.

La réponse est non, le schizophrène n’aime pas faire le mal.  Les gens souffrant de schizophrénie souffrent, et 10% se suicident. 10%, ça fait 60 000 personnes en France. Ces personnes, tout ces morts, et tout ceux qui survivent, ne sont pas LE schizophrène. Ils ne sont pas une maladie. Ca n’existe pas, LE schizophrène.  La schizophrénie, elle touche vos parents, vos amis, vos proches, elle nous touche. La schizophrénie, elle touche une personne sur cent. Vous croisez des schizophrènes tous les jours, sans le savoir.

Oui, de temps en temps, un schizophrène tue. Comme tout le monde, j’ai envie de dire. Je veux dire par là que comme dans toutes les catégories de gens, il y a des meurtriers, et des cons, et des gens qui aiment faire du mal. Mais, comme dans toute catégorie, il s’agit d’une minorité. Pourquoi généraliser quand il s’agit des schizophrènes? C’est vous qui nous faites du mal en faisant ça. C’est ça qui nous fait vivre dans le silence, dans l’exclusion, dans la honte.

C’est nous qui avons peur du monde. C’est nous qui souffrons, parfois à en mourir, écrasé par une maladie trop lourde et un monde trop dur. La schizophrénie, c’est nous qu’elle tue.

Car le lien entre le schizophrène et la mort, c’est d’abord et avant tout une histoire de suicide bien trop nombreux.

Pourquoi ne voyez-vous que les quelques meurtres pour oublier ces milliers de suicides? Vous risquez bien plus d’aimer un schizophrène qui se tuera que d’être tué par un schizophrène.

Ne l’oubliez pas.

 

Sur Kanye West

Vous pouvez rire parce que ça ne vous touche pas. Vous pouvez rire parce que ça vous fait peur. Vous pouvez rire parce que vous croyez que ça ne vous arrivera jamais, ni à vos proches. Vous pouvez vous moquer comme si les gens riches le méritaient bien, et puis les pauvres aussi tant qu’on y est, le fou du coin de la rue et celui qui fait la manche en parlant tout seul. Vous pouvez rire parce que ça vous rassure sur votre normalité. C’est pas vous qui avez été emmené menotté à l’HP, c’est pas vous qui avez déliré en public. C’est pas vous qui sentez le monde s’écrouler sous vos pieds. Alors, c’est drôle, parce que c’est les autres, parce que c’est Kanye West, c’est drôle parce que c’est tellement plus facile que de se dire que c’est un humain, que ça pourrait être vous. C’est tellement plus facile.

Mais moi cette histoire, elle me touche. Parce que moi aussi j’ai été folle, et mes amis. Et vos rires, ils me fendent le cœur. Je sais ce que ces rires coûtent, je sais comment ils blessent, je sais qu’ils sont une épine de plus dans une maladie déjà atroce. Vos rires, ils vous font du bien, mais ils ne sont pas inoffensifs. Ils sont tâchés de sang.

Le suicide ou pourquoi j’ai voulu mourir

On dit souvent que les suicidés sont lâches et ne pensent pas aux autres.

J’ai déjà parlé des préjugés sur les tentatives de suicide et je voudrais aujourd’hui parler des raisons que j’ai eues de vouloir me suicider, pour que les gens oublient un peu leurs idées reçues.

J’ai voulu mourir parce que je souffrais trop. Une souffrance de chaque seconde, à tel point que j’envisageais ma vie en secondes restantes. Pas en années, ni en mois ou même en jours, non en secondes. Et ces millions de secondes étaient un comme un vertige, une impossibilité totale à envisager.

Pourquoi ne pensais-je pas à la souffrance que je causerais aux autres en me tuant? Pourquoi en tout cas n’était-elle pas un frein, car si, j’y pensais?  Parce que je me sentais seule, parce qu’aucun psychiatre ne m’avait crue, parce que les autres ne pouvaient pas soulager ma souffrance, parce que je pensais qu’ils seraient mieux sans moi, parce que je ne voyais pas pourquoi je devrais supporter une vie d’enfer (non, je ne voyais pas de fin à cette souffrance) pour ne pas perturber les autres.

Le suicide m’apparaissait comme un acte courageux. Il faut être sûr de ce qu’on fait à 100%, et c’est sans doute pour ça que je ne l’ai jamais fait. Je n’avais pas ce courage, j’avais peur à cause du 0,1% d’espoir qu’il me restait quelque part au fond de moi. C’était trop radical, et l’instinct de survie est puissant, même au fond de l’abîme.

Je rêvais qu’on me trouve en train de me suicider, qu’on me sauve, qu’on me parle, qu’on me croit enfin. Dire qu’il ne faut pas faire attention à ceux qui parlent de suicide est gravissime, parce que c’est justement parce qu’on les écoute qu’ils ne se suicident pas. Ce n’est pas parce qu’ils font du cinéma, c’est parce que quelqu’un leur a tendu la main à temps. Sans cette main tendue, il y a beaucoup de risques que le suicide ait lieu.

Plus tard, je ne voulais plus qu’on me trouve. J’étais si déprimée que je ne suis pas allée voir ma psychiatre, persuadée qu’elle ne pourrait rien faire pour moi. J’avais déjà souffert plus que ça, mais la répétition de le souffrance, au cours des années, est usante. Parfois, ce qui ne te tue pas te rend plus faible. Je savais que j’irais mieux, mais je savais aussi que j’irais mal de nouveau et je n’avais plus la force de me battre. Je n’imaginais plus qu’on puisse me sauver, j’avais fait tout ce qu’il fallait pour ça, aller voir ma psychiatre et prendre mon traitement tous les jours pendant des années. Je ne me suis pas tuée car j’ai pensé aux autres. J’ai jugé que ma souffrance était ma responsabilité et que je ne voulais pas la transmettre à d’autres.

Suicidaire, j’ai toujours pensé à mon rapport aux autres, quelles qu’aient été mes conclusions.

Suicidaire, j’ai toujours fait preuve de courage. Courage parce que je suis restée en vie, mais il aurait été tout aussi courageux de me suicider, d’avoir la force de passer à l’acte.

Chaque personne a ses raisons d’être suicidaire, de passer ou non à l’acte, et on ne peut réduire cela à quelques préjugés. L’important est d’essayer de comprendre ces personnes et d’aller vers elles car, je me répète, mais les préjugés qui vous rassurent nous tuent.

 

La schizophrénie n’est PAS un dédoublement de la personnalité

Achevez-moi! Je viens de lire une discussion sur facebook où quelqu’un demande des  mèmes pour lutter contre les insultes psychophobes et les clichés sur la schizophrénie et quelqu’un lui sort ça: 25930275930efbfd777c33856137b56d

Traduction: je suis peut-être schizophrène mais au moins nous sommes là les uns pour les autres.

Des phrases et des photos comme ça, on peut en trouver des centaines sur le net. Donc, reprenons la base de la base (ça ne servira à aucun des lecteurs réguliers de ce blog mais peut-être à ceux qui tombent dessus par hasard sans rien connaître à la schizophrénie):

LA SCHIZOPHRENIE N’EST PAS UN DEDOUBLEMENT DE LA PERSONNALITE

Ceci est un cliché, entretenu par de nombreux films et livres ainsi que par la vocabulaire courant où l’adjectif schizophrénique est synonyme de double, mais c’est un cliché tout de même. C’est donc FAUX.

Voilà la définition wikipedia de la schizophrénie si vous voulez en savoir plus

 

« Previous entries